Museau

subs. masc.

Museau de stalleMen. Partie A, carrée ou arrondie et quelquefois renflée qui forme le devant d'un accoudoir de stalle d'église.

Fig. 2573. Elévation d'un museau de stalle.

Fig. 2574. Projection horizontale du museau. (Voy. stalle, miséricorde.)

Roubo, dans son Traité de Menuiserie (1), explique comme suit l'exécution de cette partie importante des stalles d'église :

Les appuis, ainsi que les museaux, doivent avoir 0m081 d'épaisseur. Pour leur largeur, si c'est de hautes stalles, on leur donnera d'abord 0m030 pour le ravalement, plus 0m054 entre ce dernier et le lambris, et 0m054 pour porter le lambris; ce qui fait en tout 0m141.

Museau de stallePour ceux des basses stalles, on doit leur donner, de largeur, 0m203 ou 0m189 au moins, afin qu'il y ait assez de place pour y poser un livre.

Les figures 2575, 2576, réprésentent la coupe d'un appui de stalle du haut, avec un lambris au-dessus, la coupe du même appui sans lambris dessus, mais en dessus la coupe d'un appui de stalle du bas.

Les museaux doivent avoir de 0m324 de longueur, pris du devant de l'arrasement, non compris 0m030 de barbe et le tenon, ce qui fait environ 0m432. Cependant, dans le cas où les stalles n'auraient que 0m594 de largeur, on pourrait leur donner 0m027 de moins.

La largeur des museaux doit être de 0m162 au plus large, sur 0m081 ou 0m099 au plus étroit. Pour leur forme, ils doivent être arrondis plein-cintre par le bout, puis ils doivent venir en s'adoucissant jusqu'à 0m095 de leur arrasement, qui est l'endroit où ils sont le plus étroits, après quoi ils forment un quart de cercle avec l'appui dans lequel ils sont assemblés. Fig. 2577, 2578, 2579, 2580, 2581.

Museau de stalleLa manière de faire tourner les museaux avec leurs appuis est difficile à cause de la différence existant entre la forme du profil de l'appui et la forme de celui des museaux, les uns ayant de la saillie par le bas et l'autre par le haut, comme le montrent les figures 2582, 2583, ce qui fait que presque dans toutes les stalles, le dessus, des appuis et des museaux tourne bien, alors que le bas forme un jarret ou, plus exactement, un angle rentrant. La cause de ce défaut est qu'en chantournant les museaux, on ne fait pas attention à la différence de saillie des museaux et des appuis, et qu'après avoir chantourné les premiers, on les ravale par dessous parallèlement, selon la sallie du profil, d'où il résulte que ce ravalement, joint à la saillie de l'appui qui est en sens contraire, forme cet angle rentrant dont il est parlé ci-dessus.

Pour remédier à cet inconvénient, après avoir tracé le dessus du museau et de l'appui d'une manière constante, ainsi que la ligne a, b, c, qui a pour centre le point l (fig. 2584), on porte la saillie h, i, (fig. 2583) en dedans de sa largeur, de c en l (fig. 2584); puis, au contraire, on porte la saillie de l'appui e f (fig. 2582) en dehors de a en g (fig. 2584), ce qui, étant fait, d'une ouverture de compas semblable à celle dont on s'est servi pour tracer le dessus, et du nu des deux lignes dont on vient de parler, on cherche un second centre m (fig. 2584), duquel on décrit la courbe du dessous g, n, l. Après avoir ainsi tracé les cintres du dessous et du dessus, on fait deux calibres, lesquels servent à tracer les appuis et les museaux, tant par-dessous que par-dessus.

On ne chantourne pas d'abord au vif les museaux et les appuis, du moins dans l'endroit du joint, mais on les ébauche seulement, puis après on les assemble ; lorsqu'ils sont bien assemblés, on les serre avec un sergent, puis on achève de les chantourner avec la gouge, et on les finit avec la râpe.

Cette manière de chantourner les museaux est très commode et très diligente.

Les museaux s'assemblent dans les appuis à tenons et mortaises, en observant d'y rallonger une barbe de 0m,030 dessus et dessous, laquelle se coupe d'onglet, ainsi qu'il est dit plus haut. Il y en a qui coupent le dessus tout à fait d'onglet, c'est-à-dire à pointe de diamant ; mais cela n'est pas nécessaire : de plus, ces sortes de coupes ôtent la force de l'assemblage, et coupent les appuis presque en deux, ce qui est à éviter. On pourrait remédier à cet inconvénient en faisant un assemblage double, dont il n'y aurait que la joue supérieure qui serait coupée d'onglet, ce qui conserverait la force de l'appui; mais cela est inutile; il vaut beaucoup mieux les faire à l'ordinaire avec un assemblage double, ce qui rend l'ouvrage très solide. Fig. 2577, 2578, 2580, 2581.

On fait dans le dessous des museaux deux mortaises de 0m,081 de long chacune, lesquelles passent par leur milieu. Il y a des museaux qui n'en ont qu'une grande; mais il vaut mieux en mettre deux moyennes. La dernière de ces deux mortaises

doit être placée à environ 0m054 du bout du museau ; on aura soin aussi de faire une rainure entre les deux, pour empêcher la parclose de se tourmenter. L'épaisseur de ces mortaises doit être de 0m,016 à 0m,020, afin que les assemblages soient plus solides. Fig. 2581.

Les appuis des stalles, tant du haut que du bas, doivent être élégis en devant selon la pente des dossiers, et on ne doit y faire régner que la moulure inférieure du profil du museau, les autres membres venant mourir dans les angles. L'arête extérieure doit être arrondie, mais cependant moins que celle des museaux ; pour le dessous, il est rainé pour recevoir les dossiers. On aura soin que la joue que l'on réservera en devant pour y pousser la moulure ne soit point trop forte, parce qu'elle nuirait à ceux qui s'assoieraient dans les stalles. Les appuis du haut doivent être rainés en dessus pour recevoir les lambris s'il y en a ; ou, s'il n'y en a pas, on les fait joindre contre la muraille, à moins toutefois que le chœur ne soit isolé; alors, on les raine par derrière en dessous pour recevoir du lambris, lequel cache et soutient le derrière des stalles. Quand les appuis sont ainsi disposés, on y pousse la moulure inférieure du profil des museaux, ainsi qu'on le fait en dedans, ce qui s'appelle profiter en plinthe. Fig. 2576.

Pour les appuis du bas, ils se profilent de même par derrière, et on y place une petite espèce de lambris d'appui, lequel forme des armoires, ce qui est fort commode ; de plus, cet appui sert à tenir les stalles fermes, et les empêche de se renverser en arrière, ce qui arrive par la suite du temps quand il n'y a rien pour les soutenir. Cependant il y a bien des chœurs où il n'y a point d'appui derrière les stalles du bas ; mais, autant qu'on pourra en mettre, on fera très bien. Lorsqu'on a une longue suite de stalles, et qu'on n'a pas de bois assez long, on rallonge les appuis à traits de Jupiter, lesquels se placent sur le plat du bois et à moitié de l'épaisseur (fig. 2585). Quand les appuis du haut sont disposés pour recevoir du lambris de hauteur, on les place sur le champ à l'endroit de la rainure, afin que la clé se trouve cachée dans celte dernière.

Museau de stalleAu bout des stalles, c'est-à-dire à la dernière, il n'y a qu'une demi-console, et par conséquent qu'un demi-museau, lequel semble être adapté contre un autre morceau d'appui qui est en retour d'équerre, et qui est profilé en plinthe. Ce morceau d'appui est de 0m,162 plus long que le museau, avec lequel il ne fait qu'une seule et même pièce, puisqu'ils sont pris tous deux dans un même morceau de bois. Ces appuis en retour sont plus ou moins larges selon qu'ils servent à terminer les stalles, soit par les bouts ou par les passages. Dans le dernier cas, 0m,108 à 0m,122 de largeur leur suffisent, d'après la saillie du demi-museau ; c'est pourquoi on peut les faire d'une seul pièce, et les assembler d'onglet ou en fausse coupe avec l'appui de derrière. Fig. 2586, 2587.

Si, au contraire, les appuis en retour servent à terminer les stalles par les bouts, on est alors obligé de les faire d'assemblage à bois de fil, et d'y rapporter un panneau au milieu, ces sortes d'appuis ayant quelquefois jusqu'à 0m,270 à 0m,338 non compris la saillie du demi-museau. Fig. 2588.

Les appuis doivent être profilés en plinthe, et être rainés aux pourtours pour recevoir les appuis du côté du demi-museau. On doit y faire un assemblage pour recevoir la demi-console, laquelle est appliquée sur un coté uni, qui est lui-même assemblé dans la partie de l'appui excédant le demi-museau. Fig. 2587.

En général, le bois, tant des appuis que des museaux, doit être très sec et d'une qualité ferme; le bois gras ne pouvant pas servir dans cette occasion, à cause de la difficulté de le polir; et, que, de plus, l'expérience fait assez connaître que l'extrémité des coupes, venant à bois de travers, sont sujettes à s'égrainer ; c'est pourquoi on ne saurait choisir du bois trop plein,sans cependant être dur.

(1). Réédité par Juliot, éditeur à Dourdan (Seine-et-Oise.)

Mise à jour 2019-01-04


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