Pan de bois

subs. masc.

Pans de bois extérieurs de façade de maisonAssemblage de pièces de charpentes dont le nombre et le mode de combinaisons et de joints sont proportionnés à la solidité que doit avoir la construction dans laquelle ils sont employés. Les vides existant entre les pans de bois sont remplis par de la maçonnerie. Les pans de bois sont employés extérieurement pour constituer la carcasse d'une construction ou intérieurement pour en établir les divisions.

Il y a donc des pans de bois extérieurs et des pans de bois intérieurs.

Pans de bois extérieurs. La disposition des maîtresses pièces des pans extérieurs se présente en général comme l'indique la figure 2810, qui est l'élévation d'une partie de la façade d'une maison construite en bois.

Le rez-de-chaussée est élevé de quelques marches pour garantir les appartements et les premiers bois de l'humidité du sol; la charpente est posée en retraite de quelques centimètres; et un parpaing Z d'une hauteur de 1 mètre, qui fait le tour de la maison, est construit en maçonnerie et n'est interrompu qu'au passage des portes.

Quand un pan de bois monte de fond en comble d'une maison, il est divisé en pans partiels, établis les uns au-dessus des autres, répondant chacun à un étage et liés entre eux par des pièces communes.

Façade à pans de boisChaque pan de bois partiel est composé d'une sablière S dans laquelle les poteaux P s'assemblent à tenons et mortaises; ces poteaux sont couronnés par un chapeau H qui reçoit les tenons et mortaises des mêmes poteaux, maintient leur écartement, leur position verticale et supporte les extrémités des poutres que la figure montre en coupe à chaque étage. Les sablières portent sur le plancher qui répond à l'étage dont elles font partie.

Des pièces inclinées en sens contraires les unes par rapport aux autres et assemblées également à tenons et mortaises dans les sablières et les chapeaux. empêchent le balancement du poteau dans le plan du pan de bois. Quand l'angle que font ces pièces avec les sablières et chapeaux est plus grand que 60 degrés, elles sont nommées guettes ; quand cet angle est moindre, elles sont appelées décharges ou écharpes.

Les ouvertures des portes et fenêtres sont donc encadrées par les sablières, les chapeaux et les poteaux. On peut entre ces poteaux en poser d'autres ne servant qu'au soutien de la construction ; ils sont nommés poteaux de remplage ou de remplissage.

Les poteaux qui sont contigus aux ouvertures sont nommés poteaux d'huisserie, et toutes les pièces formant le cadre des ouvertures sont des bois d'huisserie.

Façade à pans de boisOn appelle linteau la pièce d'huisserie L qui limite la hauteur des portes et des fenêtres; dans la figure 2810, elle limite la hauteur de la porte; dans la disposition de la figure 2811, elle limite la hauteur des fenêtres. Dans les portes ou les fenêtres cintrées par le haut, les linteaux N (fig. 2812) sont cintrés en dessous.

Dans la première figure, les pièces M sont des poitrails. Les goussets sont les pièces cintrées à l'intérieur (I fig. 2810) qui servent à former les œils-de-bœuf ou les fenêtres cintrées.

Les pièces d'huisserie V qui forment le bas des fenêtres sont, les appuis; et les petites pièces U qui les supportent sont des potelets; les pièces Y (fig. 2812) sont des liens.

Les trumeaux sont les espaces compris entre les portes et les fenêtres; ils sont remplis.

Lorsque ces espaces sont trop larges pour qu'une simple guette G suffise à leur remplissage, on multiplie les poteaux, ou bien l'on incline les guettes comme celles F (fig. 2810) et on les accompagne de portions de poteaux J appelés fournisses, ou de secondes guettes K qui croisent la première et forment avec elle une croix de Saint-André. Ils s'y assemblent à tenons et mortaises. On peut même, si l'on a besoin de plus de résistance, faire avec les guettes des croix de Saint-André doubles. Fig. 2812.

Façade à pans de boisLes pièces formant ces croix de Saint-André doivent être serrées et maintenues dans leurs entailles par une broche de fer rivée des deux côtés, ou par une cheville de bois dur et sec écornée par les deux bouts, ou par un bouchon à tête avec vis et écrou noyés dans le bois.

La pièce C formant l'angle d'une construction (fig. 2810 et 2811) est commune au pan de façade et au pan en retour d'équerre; elle doit monter de fond en comble pour lier entre eux les pans de bois partiels des étages. Cette pièce s'appelle le poteau cornier, c'est-à-dire qui fait la corne, l'angle du bâtiment.

Les pans de bois qui ont une grande étendue doivent être partagés en travées égales ou au moins symétriques par des poteaux montant de fond en comble qui unissent entre eux plusieurs étages (T, fig. 2811 et 2812) ; on les nomme poteaux

Les pans de bois qui ont une grande étendue doivent être partagés en travées égales ou au moins symétriques par des poteaux montant de fond en comble qui unissent entre eux plusieurs étages (T, fig. 2811 et 2812) ; on les nomme poteaux de fond. Les sablières et les chapeaux dont ils interrompent la continuité sont liés aux poteaux de fond par des bandes de fer qui, s'étendant en dedans et en dehors, passent sur les poteaux de fond et sont boulonnées au bois (fig. 2811 et 2812). Dans la figure 2811, ces bandes passent sur le poteau cornier.

Assemblage de pans de boisTous les intervalles d'un pan de bois sont remplis de maçonnerie ou de mortier. Quand les pans de bois doivent demeurer apparents, cette maçonnerie est crépie en dedans et au dehors.

Autrefois, on rainait et tamponnait les faces des bois que la maçonnerie de remplissage devait joindre; aujourd'hui, on se borne à les larder de rapointissages qui se trouvent pris dans le hourdis. Ce système ne vaut pas le précédent, parce que les rapointissages sont vite rongés par la rouille et laissent la maçonnerie sans liaison avec le bois, tandis que la rainure durait jusqu'à ce que le pan de bois fût pourri.

Les bois apparents doivent être peints à l'huile, opération qu'il est convenable de recommencer tous les trois ou quatre ans.

Dans la figure 2812, les petites pièces U qui forment les remplissages entre les décharges D, les sablières et les pièces d'appui conservent le nom de potelets; celles qui, sous les appuis de fenêtre du deuxième étage (fig. 2812), sont marquées Z, sont des liens faisant fonctions de guettes, qui peuvent être croisés et former des croix de Saint-André; comme on le voit sous les appuis des fenêtres du troisième étage. Fig. 2812.

Décoration de pans de boisLes petites pièces horizontales X (fig. 2812) assemblées carrément à tenons et mortaises avec les poteaux quand ceux-ci sont trop élevés et trop rapprochés pour établir entre eux des guettes, sont des traverses ou entretoises. Quand ils sont plus courts (fig . 2811), ils sont nommés étresillons. Leur objet est d'augmenter la force des poteaux en divisant leur hauteur et en les réunissant.

Dans la figure 2811, le pan de bois de la façade est terminé dans sa partie supérieure par un pignon. Le toit s'avance de 1 mètre environ sur la façade et sa saillie est soutenue par des consoles en bois sculpté.

Les figures 2813 et 2814 ne sont que l'application des assemblages dont il vient d'être question, mais disposés différemment.

Décoration de pans de boisLes figures 2815 et 2816 représentent les pans de bois d'anciennes maisons pour lesquelles l'apparence des bois fait la principale décoration. Toutes les pièces sont équarries avec soin, surtout sur leurs faces et arêtes apparentes. On peut presque indéfiniment varier la disposition des pièces d'assemblage, quand elles doivent constituer la décoration d'une façade; on peut même les mêler à des sculptures sur bois, sur pierre, à des faïences émaillées, à des terres cuites, et obtenir ainsi de très agréables effets décoratifs.

Dans la composition d'un pan de bois, il faut avoir soin de faire correspondre verticalement les poteaux principaux, ceux d'huisserie, ceux de remplissage, et même les tournisses des divers étages, afin que du comble au socle tous les bois portent à plomb les uns sur les autres, et que leurs efforts ne fassent pas serpenter les chapeaux et sablières, ce qui ne manquerait pas d'arriver et de nuire à la solidité de la bâtisse, si ces diverses pièces étaient en porte à faux. Pour les mêmes raisons, les fenêtres et les portes doivent se correspondre verticalement, afin que les trumeaux ne portent point leur charge sur les linteaux des fenêtres et portes inférieures, qu'ils pourraient faire fléchir.

Maison de 3 étages à pans de boisLa figure 2817 est l'élévation d'une maison à trois étages dans laquelle les bois sont combinés de la manière la plus simple, la plus régulière et la plus symétrique.

On donne aux pans de bois extérieurs un peu de fruit (voy. ce mot) d'un étage à l'autre, c'est-à-dire que l'on fait les pans partiels un peu moins épais à mesure qu'ils sont situés à des étages plus élevés. Le fruit des pans de bois des façades ne se donne que sur le parement extérieur; les parements intérieurs des pans partiels de tous les étages doivent se correspondre à plomb. Ce fruit ne diminue l'épaisseur du bois que de quelques lignes par étage; il laisse à la base une étendue un peu plus grande que celle de la partie plus élevée, et reporte un peu vers l'intérieur les résultantes verticales de la charge que les pans de bois ont à supporter, afin de résister mieux à la poussée que la flexibilité des planchers et leurs vibrations occasionnent sur eux.

Kraft cite l'exemple de deux pans de bois remarquables par la manière dont ils sont soutenus au-dessus du sol, afin de laisser en dessous un très grand espace vide. Nous les reproduisons aux figures 2818 et 2819.

Pans de bois sur portéeIls ont été l'un et l'autre exécutés pour des salles de brasserie.

Dans la figure 2818, c'est un grand arc A, formé de quatre épaisseurs de fortes planches, qui soutient tout le pan composé de trois étages. Cet arc est pris entre deux moises horizontales M. Deux aisseliers EE s'assemblent dans l'arc et reportent une partie du poids de la bâtisse sur des dés en pierre DD posés au niveau du sol sur des fondations de maçonnerie. Ces aisseliers joignent l'arc aux points où il supporte les grandes moises FF qui s'étendent dans toute la hauteur des pans de bois et vont s'assembler dans les poteaux principaux PP. Les moises M embrassent aussi les potelets Q et supportent les solives du premier plancher.

Dans le second exemple, figure 2819, le pan de bois qui est également composé de trois étages est porté par deux paires de moises horizontales MN; l'une forme poitrail, l'autre appui de fenêtre. Les moises embrassent les deux poteaux extrêmes RR qui montent de fond en comble et les deux poteaux moyens PP qui ne s'élèvent qu'à partir de la moise M et dans lesquels s'assemblent les sablières hautes et basses des étages supérieurs. Les deux paires de moises horizontales MN des poteaux RP sont liés par trois croix de Saint-André C contre lesquelles sont distribués quelques potelets. Deux décharges ou aisseliers cintrés EE reportent la charge des poteaux PP et de la travée qu'ils comprennent sur des dés en pierre DD posés sur des fondations en maçonnerie et qui contiennent las poteaux de fond RR accolés aux murs latéraux. Les moises M portent les bouts des solives du premier plancher.

Cloison en pan de boisPans de bois intérieurs. Les cloisons en bois équarris, employées dans l'intérieur d'une construction pour former les principales divisions de la distribution, sont aussi des pans de bois. Leur hauteur est celle des pans de bois de façade ; leur étendue est déterminée par l'espacement des autres pans de bois intérieurs, ou cloison, qu'elles rencontrent ordinairement à angle droit; leur épaisseur, résultant de l'équarrissage du bois employé, est un peu plus faible que celle des pans de bois qui forment les façades ou autres parois extérieures; d'abord pour ménager l'espace dans les appartements, ensuite pour pouvoir, n'ayant pas autant d'ouvertures à y faire que dans les pans extérieurs, y multiplier les poteaux. On leur donne ainsi la force dont ils ont besoin pour soutenir les planchers dont la charge est souvent double de celle supportée par les façades.

Décharges sur cloisons pans de boisLes pans de bois extérieurs ne reçoivent que d'un seul côté les portées des solives des planchers rustiques, tandis que les cloisons en pans de bois ont à supporter les solives des planchers qui les joignent des deux côtés. Si l'on donne au pan de bois extérieur une plus forte épaisseur, c'est parce qu'il forme la clôture de la construction et qu'il a à subir les détériorations des changements de température.

Les cloisons principales en pans de bois doivent, comme les pans de bois des façades, être établies à plomb les unes sur les autres et porter aussi, par le bas, sur des fondations en maçonnerie. Lorsque cela est possible, elles doivent être reliées d'un étage à l'autre par des poteaux qui montent de fond en comble et celles qui se croisent doivent avoir des poteaux communs et être reliées entre elles par des bandes de fer. On donne aux pans de bois intérieurs du fruit des deux côtés, en employant des bois un peu moins épais à mesure que les pans ont moins de charge à supporter à raison des étages où ils sont établis.

Doubles décharges sur cloisons pans de boisLa figure 2820 est l'élévation d'une cloison en pan de bois, dite à claire-voie, parce que les poteaux P sont écartés entre eux d'une quantité égale à leur épaisseur. Si la charge des planchers ne doit pas être considérable, on peut les écarter davantage.

Lorsque l'on n'a pas assez de bois de la longueur voulue pour faire les poteaux de remplissage d'une seule pièce, on établit les traverses T (fig. 2820) sur le milieu de la hauteur de l'étage et on les assemble aux poteaux d'huisserie H ou dans quelques poteaux principaux distribués sur la longueur du pan de bois et le remplissage se fait par les deux poteaux B. Eviter de donner trop de longueur à ces traverses.

Lorsque la pesanteur des planchers doit être considérable, les cloisons en pans de bois divisées en travées doivent être fortifiées par des décharges DD qui s'assemblent à tenons, mortaises et embrèvements dans les sablières et chapeaux. Fig. 2821.

On peut également mettre un double rang de décharges G dans la hauteur d'une même travée ; les deux décharges inférieures portent et s'assemblent sur la sablière, les deux supérieures sur la traverse T ; le remplissage se fait au moyen de fournisses J. Fig. 2822.

Cloisons légères; ce sont celles qui n'ont pas été prévues, que l'on dispose dans l'intérieur d'un bâtiment pour les distributions de détail et qui n'ont à supporter le poids d'aucun plancher : elles sont faites en bois ayant environ la moitié de l'épaisseur de ceux employés dans les cloisons en pans de bois; elles sont construites de même manière.

En raison de leur durée relativement courte et du danger que présentent les pans de bois dans les incendies, les constructeurs cherchent à généraliser l'emploi des pans de fer, ainsi qu'on l'a fait pour les planchers.

La disposition des pans de fer est la même que celle des pans de bois, et les pièces qui les composent ont la même dénomination.

PRIX : Voy. sapin.

Equarrissages habituels.

Pan de bois pour élévation de 3 à 4 étages. 0m,25

Poteaux corniers de............0m,27

Sablières....................................0m,25

Tournisses.................0m,19

Potelets..................0m,19

Grosseurs données, au rez-de-chaussée, aux pièces comprenant un pan de bois de 3m,25 à 3m,90 sous planchers pour bâtisse de trois étages, d'après Emy.

Grosseurs données, au rez-de-chaussée, aux pièces comprenant un pan de bois de 3m,25 à 3m,90 sous planchers pour bâtisse de trois étages, d'après Emy.

Poteaux corniers..........0m244 à 0m271

— de fond..........0m217 à 0m244

— d'étrier..........0m217 à 0m244

Sablières hautes et basses.....0m217 à 0m244

Poteaux d'huisserie.........0m189 à 0m217

Poteaux de remplissage.......0m162 à 0m217

Ecartement des poteaux de remplissage........0m271 à 0m225

Guettes, décharges, croix de Saint-André ..............0m162 à 0m218

Tournisses et potelets.......0m135 à 0m217

Pans de bois de façade.......0m217 à 0m244

Pans de bois intérieurs.......0m162

Poteaux portant plancher......0m135 à 0m162

Poteaux ne portant pas plancher ....0m108 à 0m135

Cloisons de refend ou en porte à faux.....0m081 à 0m135

Légist. Un arrêt du Parlement, du 17 mai 1571, prouve que, dès cette époque, il fallait une permission pour bâtir un pan de bois. Un édit du roi, 1607, les défend, notamment, au rez-de-chaussée et ceux en saillie au-dessus. On a néanmoins continué d'en construire, mais en déformant et en consolidant les principaux assemblages par des bandes de fer. Une ordonnance du 18 août 1667 rendue par les trésoriers de France, grands voyers de Paris, défend d'élever les façades des maisons en pan de bois de plus de huit toises de hauteur et de les terminer en pignons de forme ronde ou en pointe. Elle enjoint de couvrir les maisons en croupe de pavillon du côté de la rue ; et, pour résister au feu, de revêtir les pans de bois de lattes clouées et de plâtre en dehors et en dedans.

Un règlement du général des bâtiments, du 1er juillet 1712, enjoint aussi de mettre de forts clous et des broches en fer, suffisamment enfoncés dans le bois, pour soutenir les entablements, corniches, etc., en plâtre. Enfin, des règlements faits par les juges des bâtiments, le 28 avril 1719 et le 13 octobre 1724 portent que les poteaux des pans de bois seront ruellés et tamponnés et que les lattes ne seront écartées que de 2 à 3 pouces.

Il ne saurait être généralisé en ce qui concerne la jurisprudence relative aux pans de bois ; chaque grande ville intéressée ayant des ordonnances de police spéciales concernant cette partie du bâtiment.

Mise à jour 2019-01-04


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