Limon

subs. masc.

Limon d'escalierPartie rampante en pierre, en fer ou en bois (fig. 1976), dans laquelle sont assemblées les marches du côté du jour d'un escalier en charpente ; le limon supporte la rampe. Les escaliers isolés sont pourvus de limons à chaque extrémité des marches. Suivant le plan des escaliers, les limons sont droits, cintrés ou circulaires ; dans ces deux derniers cas, ils prennent le nom de courbes rampantes. (Voy.courbe et escalier.)

L'épaisseur des limons varie suivant l'importance de l'escalier; elle est en moyenne de 0m,08 à 0m,11 ; ils sont limités en largeur par la saillie que l'on laisse au-dessus des nez de marche et en dessous de la partie inférieure de la marche, ou par l'espace nécessaire au plafond qui le plus souvent est fait en maçonnerie.

Limon courbeLes limons courbes s'assemblent le plus souvent au moyen de coupes à crochet boulonnées (fig. 1977) ; ils sont de plus reliés par des plates-bandes en fer entaillées et vissées sur le champ des limons. (Voy. coupe à crochets.)

Les limons droits qui se rencontrent avec un quartier tournant peuvent être assemblés à tenons et mortaises; enfin, les limons droits faisant entre eux un angle quelconque peuvent être assemblés à queues; ces limons sont, comme les premiers, maintenus en assemblage par des plates-bandes aux endroits nécessaires. L'écartement des limons des murs est rendu fixe au moyen de boulons tels que A (fig. 1978), qui traversent le dessous de l'emmarchement et vont se sceller dans les murs de la cage ou qui embrassent les deux limons.

Les arêtes des limons sont parfois moulurées, ainsi que la face du jour.

Fig. 1979. Coupe d'un limon mouluré.

Fixation du limonPour les projections des limons, voyez escalier et projection.

La figure 1980 est la projection des marches et d'un limon droit ; les marches sont figurées comme si elles étaient vues au travers du limon; elles ne sont que ponctuées et montrent les formes de leurs encastrements sur le limon. La surface supérieure du limon doit s'élever au-dessus des marches et sa surface inférieure doit s'abaisser en dessous d'une quantité constante pour tout le développement de l'escalier. Dans cette figure, la lettre L est le limon qui porte, par son pied, sur une pièce horizontale P, appelée patin, et y est assise sur une pièce J nommée jambette; le triangle E formé par ces trois pièces est déchiffre. Comme le montre notre ligure, la partie inférieure du limon est presque toujours terminée par une volute au centre de laquelle on fixe le premier balustre de la rampe.

Limon droitSoit que le limon fasse partie des marches, soit qu'il en soit séparé, le joint, entre chaque partie du limon, est fait comme le montre la figure 1981, ou comme celui indiqué sur notre figure 1982, où une partie du limon A porte les tenons saillants et l'autre partie B est creusée de deux mortaises qui y figurent ponctuées. Quelquefois, afin de diminuer la longueur de la partie du limon A qui devrait porter les tenons, on ne fait point de tenons, et les deux parties A et B du limon sont réunies (fig. 1983) par un joint abcd, et une clef fg ou faux tenon pénétré dans les mortaises creusées dans les deux abouts.

Assemblage limonCe moyen d'assemblage a l'inconvénient d'affaiblir également les deux limons et l'on préfère le joint indiqué sur la figure 1984, dans lequel chaque partie de limon porte en même temps un tenon et une mortaise, le tenon de l'une entrant dans la mortaise de l'autre. Cet assemblage est toujours consolidé par un boulon à clavette par un bout et à écrou à l'autre bout (fig. 1985). Le boulon, sa rondelle et sa clavette sont placés dans le trou percé dans le bout du limon B (fig. 1986) avant de mettre en joint. Quand l'on met en joint, le boulon pénètre dans le trou du limon A, et lorsqu'il est parvenu jusqu'à la mortaise dans laquelle on a placé la rondelle et l'écrou, on serre ce dernier en le faisant tourner avec un ciseau que l'on frappe avec un marteau. L'écrou doit être circulaire et sa circonférence cannelée.

Les joints des parties courbes sont tracés comme celui que représente la figure 1987, dans laquelle nous avons fait figurer en ponctué la position du boulon.

La figure 1988 montre la projection verticale d'une partie de révolution du limon d'un escalier qui serait entièrement circulaire.

Joints de limonLimon d'escalier

La figure 1989 est la projection verticale d'un grand escalier contenant le limon A d'un grand palier avec le limon B d'une rampe montant de l'étage inférieur à ce palier et le limon C d'une seconde rampe montant de ce même palier à l'étage supérieur. Ces limons de rampe sont raccordés à celui du palier par des courbes rampantes x, y arrondies en plan par des quarts de cercle. Les joints d'assemblage entre le limon du palier et les limons des rampes sont ordinairement placés au milieu des courbes rampantes, pour éviter un trop grand nombre d'assemblages, comme le montre la figure 1989.

Limon d'escalierLa figure 1990 est la projection verticale d'une partie d'escalier répondant à un demi-palier placé dans un angle de la cage. Le raccordement de la rampe du limon de la première rampe avec le limon de la deuxième peut avoir lieu par une courbe rampante tracée, en plan, par des arcs de cercle.

La figure 1991 est la projection verticale de la courbe rampante dans laquelle se fait le raccordement. Cette courbe rampante ne porte que des mortaises, parce que des tenons auraient augmenté la longueur et l'équarrissage de la pièce dans laquelle il aurait fallu la couper. Les boulons qui fixent chaque assemblage sont établis dans la direction des limons droits.

Pour compléter, les indications ci-dessus, nous donnons, d'après Roubo, la manière de tracer les limons :

Tracé des limons. — Le tracé des limons se fera à la fausse équerre comme dans l'escalier en retour d'équerre.

Pour obtenir les rampants, on portera la hauteur d'une marche sur le côté d'une pièce carrée, et on divisera la ligne intérieure sur l'épure du limon partant du devant de la marche numéro 1 jusqu'au-devant de celle numéro 6, en cinq parties égales, et on reportera une des divisions obtenues sur la base de la pièce carrée ; on n'aura plus qu'à ajuster une fausse équerre par les deux points fixés sur la pièce carrée. On se reportera ensuite sur le limon et on tracera la deuxième ligne rampante qui sera le devant de la marche numéro 1. On mènera la ligne d'équerre du bas du limon; à partir de cette ligne, on portera la hauteur d'une marche, ce qui déterminera le dessus de la marche numéro 1. On prendra sur l'épure la largeur de cette marche, ce qui donnera le devant de la marche 2. Par ce point, on mènera une ligne rampante sur laquelle on portera une hauteur de marche, ce qui déterminera le dessus de la marche numéro 2, et on continuera de même pour les autres marches jusqu'à l'extrémité du limon, et, de tous les points où les lignes du devant des marches se coupent, on décrira des arcs de cercle par lesquels on fera passer une ligne courbe qui sera la rive du dessus du limon. Pour tracer la rive du dessous, on prendra une ouverture de compas suivant la largeur du limon, et, par les mêmes points de centre qui ont servi à décrire les arcs de cercle pour la rive du dessus, on décrira ceux de la rive du dessous, et par ces arcs de cercle on fera passer ainsi une ligne courbe, ce qui déterminera le tracé du limon.

Quant à l'empattement du bas, il se tracera à volonté et suivant le goût de l'ouvrier.

Le tracé des autres limons se fera de la même manière. On aura seulement bien soin, en faisant la division des limons sur l'épure, de ne jamais y comprendre les fragments de marches, car ce serait nuisible pour obtenir les rampes vraies.

PRIX ; charpente.

Limon : Les épaisseurs des limons ou des crémaillères doivent être de 0m,08 pour les escaliers de 1 mètre d'emmarchement. Par chaque 0m,03 de longueur de marche en plus ou en moins, les épaisseurs des limons ou des crémaillères sont augmentées ou diminuées de 0m,005. (Voy. escalier.)

Mise à jour 2019-01-04


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