Magasin

subs. masc.

Local disposé pour recevoir, contenir, montrer des marchandises et en faire la vente.

L'installation de ces locaux comporte deux parties bien distinctes : une partie intérieure et une partie extérieure.

La partie intérieure, composée de banques, tables, comptoirs, vitrines, rayonnages, casiers, caisses, etc. (voy. chacun de ces mots), varie selon le genre de commerce exercé dans le local. Pour certaines industries, particulièrement pour les articles concernant la toilette et spécialement celle des dames, ces installations intérieures sont souvent fort luxueuses et toutes les ressources de la décoration moderne sont mises à contribution.

Mais ce sont là des exceptions dont l'exécution est toujours confiée à la direction d'un architecte. Dans les installations intérieures ordinaires, les banques, comptoirs, vitrines, caisses sont, seuls, l'objet de soins particuliers et sont traités d'une manière plus étudiée. Le reste de l'agencement, tel que rayonnages, casiers, etc., est toujours fort simple et ressort à la menuiserie courante.

Les menus objets ou ceux de grande valeur sont toujours placés dans des meubles spéciaux fermant à clef, que l'on nomme vitrines. (Voy. cemot.) Ces vitrines sont également souvent des meubles fort riches, plutôt du travail de l'ébéniste que de celui du menuisier.

La partie extérieure est celle que le public a sous les yeux quand il circule dans les rues : elle prend le nom de devanture de boutique, devanture de magasin. (Voy. ces mots.)

Cette partie-là, qui est soumise à des règlements de police (variables selon les villes) pour les saillies autorisées, pour la hauteur des banes, etc., comporte toutes les variations, tous les genres, comme aussi toutes les décorations que peuvent lui apporter les bois précieux, les métaux, les bronzes, etc.

Le but poursuivi pour ces installations est double : d'abord répandre le plus de lumière dans l'intérieur du magasin ; pour cela il faut des baies aussi spacieuses que possible ; il faut aussi éviter les parties de menuiserie trop importantes, trop épaisses, qui projetteraient leur ombre à l'intérieur des magasins ; les ressources de la construction moderne permettent de réaliser aisément cette partie du programme.

Les installations extérieures des magasins ont aussi pour but d'arrêter le promeneur, de solliciter son attention et de lui donner le désir, l'idée d'entrer dans l'intérieur. Pour atteindre, ce but, le concours de sculptures délicates auxquelles le bronze et les métaux précieux s'ajoutent; l'emploi des marbres rares, la disposition et la richesse des appareils d'éclairage, tout est mis en pratique pour forcer l'arrêt du promeneur.

On peut dire qu'à aucune autre époque que la nôtre on n'a poussé aussi loin le raffinement et le luxe de ces installations extérieures; certaines sont de vraies merveilles de bon goût.

Quoi qu'il en soit, riches ou modestes, toutes ces installations se construisent selon les mêmes principes de menuiserie ; il suffira d'en montrer quelques types variés pour donner une idée exacte de leur construction et permettre d'entreprendre l'exécution des unes ou des autres.

Fig. 2250. Devanture de magasin exécutée par M. Evrard Target, à Saint-Quentin ; c'est une devanture simple, toute en bois. Les détails essentiels en sont donnés à grande échelle par la figure 2251. L'ensemble est à l'échelle de 0^m,015 par mètre.

La figure 2252 reproduit une devanture de magasin, à caissons. Cette devanture ne se ferme pas, comme celle de la figure 2250, par une fermeture métallique. (Voy. fermeture.) Ce sont des volets qui forment la clôture ; le matin ils se replient dans les caissons qui sont aux deux extrémités de la devanture. La figure 2253 montre, à grande échelle, les coupes et détails principaux.

La figure 2254 est également une devanture de magasin se fermant par une fermeture mécanique, mais dont l'entablement est disposé pour recevoir la base d'un store, ainsi que le montrent les détails reproduits par la figure 2255. Le soubassement de cette devanture est en marbre surmonté d'une cymaise en cuivre. La porte, comme le montre le plan, est en retrait de la façade ,et des lambours de vitrine sont ménagés latéralement. Dans ce magasin destiné à l'exploitation d'un commerce de modes, on a donné la plus grande quantité de lumière possible.

La figure 2254 est à l'échelle de 0^m,0125 par mètre.

Cette devanture, comme le montre le plan, était coupée par un pilier en maçonnerie P qui est recouvert d'une glace étamée, ainsi que la partie qui se trouve sur le côté droit de la devanture. Entre ces deux piliers,une glace non étamée, de 2m,50 de large, laisse entrer à l'intérieur du magasin une grande quantité de lumière. A gauche du pilier est une vitrine pour étalage, de 1^m,20 de façade. La porte d'entrée est au fond d'un tambour en retrait de 1^m,10 sur le nu de la façade.

De chaque côté de ce tambour sont deux vitrines. La porte d'entrée n'a qu'un vantail de 0^m,85 de développement. La partie supérieure est garnie d'une glace, la partie inférieure est pleine avec panneaux.

A gauche une vitrine de 0^m,90 de largeur. Celle devanture repose sur un parpaing en pierre rectifiant l'inclinaison de la chaussée ; au-dessus est un soubassement en marbre de 0^m,65 de hauteur terminé par une forte moulure en cuivre.

Cette devanture qui a un développement en façade de 8 mètres pour une hauteur totale, depuis la chaussée, de 4 mètres, a été payée 710 fr. 70 pour toute la menuiserie, y compris le tambour d'entrée.

Les vitrines sont réglées à part.

La figure 2255 donne les détails suivants :

A, à l'extérieur, de chaque côté de la pile centrale en pierre, deux montants en bois sur pile, garnis de coulisses en fer pour la fermeture à rideaux métalliques.

B, montants placés de chaque côté de l'entrée avec rainure et parclose mobile dans le haut pour maintenir la glace de l'imposte.

C, traverse haute d'imposte.

F, coupe sur le côté gauche du tambour à l'intérieur ; le côté droit est semblable.

G, coupe sur le montant de la vitrine à l'intérieur du magasin.

H, corniche. Le trait extérieur X indique le profil de l'ancienne devanture à gauche; il a été modifié presque totalement. Le trait intérieur est le profil de la nouvelle devanture. Les parties hautes des deux corniches se raccordent pour la symétrie de la façade.

Cette devanture a été exécutée sous la direction de M. E. Lepage, architecte, à Paris.

La figure 2255^A donne, à l'échelle de 0m,10 par mètre, la coupe d'une partie du tambour d'entrée et diverses autres coupes complémentaires.

La figure 2256 est une devanture de magasin se fermant par des rideaux. Le soubassement repose sur une double marche ; il est composé de panneaux à pointes de diamant. La devanture se termine à chaque extrémité par un pilastre surmonté d'un chapiteau et supportant un cartouche décoratif.

Des plaques de marbre décorent le tableau. L'entrée du magasin est au milieu de la devanture.

Comme pour la figure 2256, la devanture de magasin reproduite par la figure 2257 a sa porte légèrement en retrait de la façade. Les colonnes de fonte qui soutiennent les étages supérieurs sont enfermées dans les coffres.

La menuiserie de cette devanture comprend en même temps le rez-de-chaussée et l'entresol, disposition très fréquente dans les constructions modernes. Cet entresol est vitré sur toute la façade.

La fermeture est faite par un rideau métallique, système Grafton.

La menuiserie a été économisée dans ce travail. L'architecte, M. Olwer, a tenu à laisser le plus de lumière possible pénétrer dans le magasin.

Notre reproduction est à l'échelle de 0,015 par mètre. Le bois employé est du chêne sur lequel on a appliqué en certains endroits : chapiteaux, cartouches, etc., des ornements en bronze doré. L'effet obtenu est très heureux.

Les bâtis des caissons, vitrage, tambour, ont 0^m,05 d'épaisseur ; les panneaux des caissons 0^m,025 et ceux du soubassement 0^m,038 ; une devanture faite dans ces conditions revient à environ 22 francs le mètre carré, pose comprise.

Fig. 2258 et 2259. Devanture de café. La figure 2258 donne la partie contenant la porte de l'établissement ; la figure 2259 donne la partie où se trouve la porte donnant accès dans l'immeuble. Notre division est faite, sur l'axe de la devanture.

Cette devanture de magasin est un exemple de la richesse et de la variété de décoration que l'on peut arriver à donner à ces sortes de travaux qui comptent parmi les éléments décoratifs dont s'égayent les rues. Il suffit de comparer les magasins modernes à ceux que les époques antérieures nous ont laissés pour se rendre compte du développement considérable qu'a pris cette décoration. Il faut reconnaître aussi que cette décoration s'imposait à la largeur de nos rues modernes et que sur les voies spacieuses que nous possédons, il n'était guère possible d'établir des magasins comme ceux de l'ancien temps qui ne recevaient, dans des rues étroites, ni air ni lumière.

C'est du reste une des grandes préoccupations, non seulement des édilités, des architectes et des propriétaires, mais aussi de tous ceux qui leur prêtent leur concours de faire de nos rues modernes comme de vastes galeries d'exposition du luxe et du goût. Les immeubles, même ceux qui sont destinés aux locations, rivalisent d'originalité et de richesses. Les quartiers les moins centraux, aussi bien dans les départements qu'à Paris, voient s'élever des constructions qui auraient passé pour de véritables palais il y a seulement cinquante ans. Le luxe de l'aménagement intérieur s'ajoutant à celui de la construction et de la façade, il n'était plus possible de se contenter des menuiseries simples d'autrefois; les menuisiers ont dû devenir en même temps décorateurs et sculpteurs pour mettre leur travail en rapport avec le reste de la maison.

Quant au luxe intérieur, il atteint aujourd'hui des limites qu'il semble difficile de dépasser. Les émaux, les vitraux, les peintures, les dorures sont mises à contribution et employées la plupart du temps de très heureuse façon.

La devanture de magasin que reproduisent nos figures 2258 et 2259 n'est pas au nombre des plus luxueuses. Mais, bien que mise en place dans une petite ville de province, elle sort déjà du travail ordinaire et la description qui en est donnée plus loin, prouve que c'est déjà une menuiserie faite avec une certaine recherche.

La menuiserie de cette devanture comprend en même temps le rez-de-chaussée et l'entresol, disposition très fréquente dans les constructions modernes. Cet entresol est vitré sur toute la façade.

Les sculptures, les marbres, les moulures, baguettes et clous en bronze ajoutent leur décor au chêne verni dont est faite cette devanture, chêne verni à deux couches.

Au centre, une porte de 0m,90 de largeur, à un seul vantail, et de chaque côté de cetle porte des panneaux de 0^m,40; le tout, encadré d'une grosse moulure aux angles arrondis, forme un motif d'ensemble.

Cette porte donne accès dans un tambour de 1^m,85 de large, ayant une forme demi-octogonale. La devanture repose sur un soubassement en pierre de 0^m,14 de hauteur ; elle est pleine jusqu'à une hauteur de 0^m,80 et» cette partie pleine se termine par une grosse moulure sculptée. Le marbre employé est du vodelée pour le soubassement et du sarancolin pour l'entablement. Toutes les moulures à l'extérieur sont fixées avec des vis en cuivre.

L'ensemble se complète par les détails ci-après, à l'échelle de 0,165 par mètre.

Fig. 2260. Coupe AB sur un pilastre extrême.

Fig. 2261. Coupe QR sur le bâti de la porte avec panneaux en fer.

Fig. 2262. Coupe UV de la traverse d'imposte de la porte avec panneaux en fer.

Fig. 2263. Coupe CD sur le soubassement d'une partie vitrée fixe.

Fig. 2264. Coupe EF sur la cimaise et le socle.

Fig. 2265 et 2266. Coupes GH, sur une colonne.

Fig. 2267 et 2268. Coupes IJ sur l'accouplement de deux piédestaux.

Fig. 2269. Coupe KL sur le soubassement.

Fig. 2270. Coupe MN sur la corniche.

Fig. 2271. Coupe OP sor la partie pleine du soubassement de la porte d'entrée.

Fig. 2269. Coupe KL sur le soubassement.

Fig. 2270. Coupe MN sur la corniche.

Fig. 2271. Coupe OP sor la partie pleine du soubassement de la porte d'entrée.

Fig. 2272. Coupe ST sur le bâti de la porte d'entrée.

Les devantures des magasins sont, comme le montrent les figures précédentes, aptes à prendre toutes les décorations pouvant arrêter l'attention du passant. Les effets qui sont obtenus par l'emploi de matériaux variés, de colorations différentes, par l'emploi des dorures, des vitraux de couleurs, des bois exotiques, des marbres, atteignent tous les degrès de la plus riche décoration.

Quelques magasins, dont le commerce s'adresse à une clientèle riche, ont apporté dans l'aménagement intérieur le même luxe qu'à la devanture extérieure. Il n'est point rare de trouver des vitrines de haut prix, des meubles admirablement sculptés. La menuiserie décorative a fait, sous ce rapport, des progrès considérables.

La figure 2273 reproduit l'agencement intérieur d'un magasin sur les boulevards à Paris, qui, sans être d'une richesse décorative exagérée, est cependant bien compris et d'un goût très distingué. La disposition des rayonnages et des vitrines est heureusement trouvée. La figure est à l'échelle de 0,025 par mètre.

La figure 2274, echelle de 0,025 par metre, représente l'agencement des boiseries intérieures garnissant un Magasin de pharmacien. Nous avons choisi le côté de la cheminée comme offrant des parties de menuiserie plus intéressantes.