Maladie

subs. fém.

Maladie des bois. État transitoire ou définitif qui rend les bois, momentanément ou définitivement, impropres à être employés pour les travaux de menuiserie, d'ébénisterie ou de charpente.

Il y a lieu de diviser l'état maladif des bois en deux parties :

1° Maladie des arbres sur pied ;

2° Maladie des arbres abattus et des bois mis en œuvre.

L'arbre qui, par vieillesse ou maladie, meurt sur pied, c'est-à-dire avant d'être abattu, doit être laissé en dehors de tout emploi, car il ne possède plus les qualités qui lui sont indispensables, c'est-à-dire la souplesse, la résistance, la flexibilité; il devient au contraire très rapidement mou, sec et cassant, se pourrit à bref délai, se pique des vers et finit par tomber en poussière. Ce bois, même brûlé, ne vaut rien, car il brûle sans flamme et sans donner de chaleur.

Au contraire, le bois abattu vivant, c'est-à-dire encore en vigueur, est d'une durée presque indéfinie, à moins qu'une cause accidentelle ne vienne apporter une perturbation à ses conditions normales qui sont de sécher, mais tout en conservant ses propriétés ligneuses. Il est évident aussi qu'un arbre qui, avant d'être abattu, serait atteint d'un vice où état maladif quelconque ne présenterait pas non plus, après abatage, les garanties le rendant propre au travail.

Il faut donc établir en principe qu'un bois ne doit être employé que provenant d'un arbre absolument sain, abattu en pleine vigueur et séchant à l'abri de toutes causes accidentelles.

Maladies des arbres sur pied. Les maladies qui atteignent les arbres sur pied peuvent être dues à plusieurs causes : les coupes données aux arbres avec des instruments tranchants ou contondants, les efforts du vent ou les effets de la foudre; la morsure des animaux qui s'attaquent à l'écorce et souvent même à l'aubier. Ces accidents donnent lieu aux maladies suivantes : Ulcères, carie, chancres, gerçures, roulure, gélivures, tumeurs, loupes, exostoses, dépôts, abcès, pléthore, torsion, cadran, exfoliation, défoliation, fullomanie, cloque, givre, champlure, rouille, blanc, brûlure, jaunisse, retour.

Les chancres et les ulcères sont dus à une surabondance de sève en un endroit quelconque de l'arbre; celte sève amène une suppuration qui occasionne très souvent la corruption de l'arbre ; l'écorce tombe et l'arbre périt. Les coups donnés à l'arbre, les branches violemment arrachées peuvent donner lieu aux mêmes accidents, ainsi que les infiltrations d'eau de pluie qui donnent naissance à des gouttières. Ces infiltrations se font à des déchirures qui, sous l'effet du vent, se produisent à la jonction des branches avec le tronc.

La carie provient d'une détérioration de la sève; elle a pour effet de faire tomber rapidement en poussière l'arbre qui en est atteint.

Les gerçures sont des fentes qui se montrent dans l'écorce du bois à la suite d'une sécheresse prolongée, d'un hâle persistant, ou d'une trop violente intensité solaire. Le liber est alors mis à découvert et le dessèchement qui s'ensuit atteint souvent l'aubier et détériore les arbres.

La roulure est occasionnée par les froids d'un hiver très rigoureux. On a observé, en débitant des arbres atteints de roulure et en comptant le nombre de couches qui recouvraient la partie roulée, que le début du mal correspondait exactement à l'année d'un hiver qui avait été plus particulièrement froid. L'effet produit par la roulure est de désorganiser la totalité ou quelques feuillets du liber et d'empêcher celui-ci de passer à l'état d'aubier, tout en continuant de le laisser fonctionner pour la transmission des matériaux qui doivent former les feuillets du nouveau liber, lequel ne peut plus se lier avec celui des années antérieures. Il se fait alors, à l'endroit roulé, une solution de continuité entre les diverses parties du tronc, solution de continuité qui touche quelquefois la totalité de la circonférence et forme ainsi deux cylindres concentriques qui n'ont entre eux aucune adhérence et sont souvent séparés l'un de l'autre par un espace de plus d'un centimètre. Quelquefois la roulure atteint toute la longueur du tronc qui a été la plus exposée au froid.

C'est également le froid qui occasionne les gélivures, sortes de crevasses qui commencent dans l'écorce, pénètrent dans l'aubier et atteignent quelquefois profondément le bois parfait. La sève, ou plutôt l'eau qui fait partie de la sève, est saisie par les fortes gelées. Cette eau se réduit en petits glaçons disséminés, occupant plus de volume que la capacité des pores du bois. La force qui produit cette sorte de cristallisation étant supérieure à celle qui réunit les fibres ligneuses et agissant en même temps que le resserrement du bois sur la circonférence de l'arbre par l'effet du froid, le bois éclate avec bruit dans le sens de l'écorce au cœur. La végétation ultérieure ne referme pas les lèvres de la plaie qui continue à garder une humidité qui, à la longue, finit pas vicier le bois.

Les tumeurs, les loupes, les exostoses, les dépôts et les abcès sont des maladies de même nature qui proviennent de coups, de piqûres d'insectes, de végétations étrangères. Ces accidents donnent lieu à des extravasations et à des accumulations de substance végétale formant des excroissances ou boursouflures qui altèrent les tissus ligneux ou déforment les arbres au point de ne pouvoir tirer d'eux des planches de longueur suffisante. Les loupes de certains bois sont employées pour placage ou pour tabletterie.

La pléthore végétale est une surabondance de matières nutritives en un ou plusieurs points de l'arbre ; ceux-ci en sont déformés et leur homogénéité en est atteinte. Les planches tirées des arbres atteints de pléthore ne peuvent être employées dans les travaux ayant une grande résistance à supporter; elles doivent être réservées aux travaux grossiers ou mieux au chauffage.

La torsion est plutôt un défaut de l'arbre qu'une maladie proprement dite. C'est le mouvement giratoire imprimé par l'effort constant du vent dans un même sens sur un arbre dont la tête n'aurait pas une forme régulière ou ne serait pas symétriquement placée sur la tige. Le vent tord cette tige quand elle est jeune et les filaments croissent en prenant la forme de vis que suit le liber. On comprend que de tels bois, qui peuvent être réservés à des travaux spéciaux, ne peuvent être utilisés pour la charpente ou la menuiserie, car ils ne sont pas équarrissables, la majeure partie de leur plan d'équarrissement étant coupée par l'outil qui les travaillerait.

Le cadran est une gerçure circulaire, auréolée d'autres gerçures en rayons qui se forme sur l'écorce de l'arbre; elle est due à la piqûre d'un insecte.

L'exfoliation est une maladie de l'écorce des arbres, laquelle se détache en feuillets. Cette maladie altère le liber, et le bois qu'il fournit devient de qualité inférieure.

La défoliation se produit sur les feuilles, c'est la chute prématurée des feuilles, laquelle est due à une maladie du liber et du bois parfait qu'il a formé. La surabondance de feuilles, fullomanie, indique également un dérangement dans le système végétal de l'arbre qui en est atteint.

La cloque est une maladie de la feuille seulement qui se recroqueville sur elle-même, change de couleur et tombe avant la saison. La piqûre de certains insectes, le froid, la gomme, sont les causes de cette maladie qui n'a pas, à proprement parler, un effet particulier sur le bois.

La champlure, le givre sont occasionnés par le froid, la gelée ou les glaces. La champlure résulte de la gelée des jeunes pousses; le givre est une altération du bois des branches causée par les glaces qui s'y attachent sous forme de givre.

La rouille est une poussière rouge qui se dépose sur la tige et sur les feuilles ; le blanc est une matière blanche, pulvérulente ou filamenteuse, qui se dépose également sur les feuilles et la tige. Les arbres qui sont atteints de ces champignons microscopiques meurent très rapidement si on n'a le soin de les traiter dès le début de la maladie.

La brûlure est occasionnée par les effets alternatifs du gel et du dégel causés par l'action du soleil ; les feuilles, les jeunes pousses, les bourgeons, parfois même le jeune bois peuvent en être atteints.

La jaunisse, qui n'atteint que la feuille, s'observe par la coloration jaune que les feuilles prennent et par leur chute avant la saison.

Le retour est la dernière maladie qui puisse atteindre l'arbre avant son abatage. C'est le dessèchement de la tête de l'arbre, c'est-à-dire des menues branches qui sont à l'extrémité supérieure de l'arbre et en forment le couronnement. Les arbres atteints de retour doivent être immédiatement abattus; si l'on attendait, le dépérissement qui ne se montre qu'au faîte de l'arbre descendrait successivement rapidement jusqu'à atteindre le tronc. L'arbre serait alors hors d'usage pour tout travail de menuiserie, de charpente ou d'ébénisterie.

Déjà l'arbre atteint de retour a perdu une partie de ses qualités essentielles d'élasticité et de souplesse ; à plus forte raison celui dont on laisserait s'étendre la maladie deviendrait-il absolument inutilisable.

La mousse et le lichen, plantes parasitaires qui poussent sur l'écorce des arbres, sont également nuisibles à la bonne formation du bois. Ces plantes absorbent une partie de la sève et sont un obstacle à l'action de l'air sur les arbres.

La moisissure, les champignons, les agarics sont une preuve de la mauvaise santé des arbres et de leur dépérissement.

Enfin, les arbres sur pied peuvent souffrir de maladies qui leur sont données par des insectes. Les galles, le dépouillement, la vermoulure, la vermination sont des maladies de celte espèce.

La galle est une sorte de verrue qui est faite sur les feuilles ou sur le jeune bois d'un arbre par un insecte qui y dépose les œufs de ses larves.

Le dépouillement est fait par les chenilles qui rongent les feuilles et n'en laissent que le squelette. Le dépouillement répété entraîne le dépérissement de l'arbre et sa mort à bref délai.

La vermoulure et la vermination sont dues à la présence de vers qui, en grandissant, percent et rongent le bois jusqu'au cœur. Ces vers établissent leurs œufs sous les écorces; c'est là qu'ils éclosent; et les petits vers qui se nourrissent de l'écorce, et souvent aussi du liber, amènent rapidement le dépérissement complet de l'arbre.

Toutes ces maladies du bois doivent être connues des industriels qui travaillent le bois, car presque toutes ces maladies qui attaquent l'arbre sur pied ont leur contre-coup sur le bois que l'on en tire.

Les charpentiers et quelquefois les menuisiers achètent, la plupart du temps, leurs bois en grume; ils doivent donc être prévenus que toutes les loupes, boursouflures, excroissances qu'ils observent sur l'écorce des arbres, toute trace de plaie plus ou moins parfaitement fermée, peuvent être une cause d'infériorité partielle ou générale du bois. L'arbre, pour donner un bois parfait, doit être de forme régulièrement ronde, droit du pied au sommet, présentant un décroissement régulier et proportionné; l'écorce doit être lisse, d'apparence uniforme, alors même que rude. Tout arbre qui ne présente pas ces qualités doit être examiné avec soin et sondé avant d'être équarri.

Maladie des bois abattus et des bois mis en oeuvre. Le bois fraîchement abattu et équarri, lorsqu'il est de bonne qualité, répand une odeur saine et agréable, toute différente de celle répandue par les bois qui commencent à s'échauffer ou ont une tendance à la pourriture. Lorsque les bois sont abattus et équarris depuis longtemps, l'odeur qu'ils répandent a cessé, sauf pour les bois résineux qui répandent, presque indéfiniment, l'odeur de la résine; pour les bois déjà séchés à la surface, il suffira d'enlever un copeau mince pour mettre à jour une surface fraîche et percevoir, à nouveau, l'odeur agréable du bois sain.

Le bois sain doit être régulier dans ses fibres; il doit être sec et sonore, d'apparence uniforme, d'une coloration qui va s'accentuant dé l'écorce au cœur ; en un mot, présenter des apparences d'uniformité et de régularité témoignant que l'arbre a crû dans des conditions normales et sans accident. Ceux-ci se manifestent par les brusqueries, les irrégularités que l'on peut constater, soit dans la disposition des fibres, soit dans la dégradation de la coloration des couches ligneuses. L'odeur de pourriture, le manque de sonorité, la mollesse des bois sont aussi des indices de son infériorité et doivent arrêter l'attention.

Il faut également rejeter de tous travaux les bois atteints des accidents que nous allons examiner.

L'aubier n'est pas une maladie, ni un défaut. C'est l'état du bois non arrivé encore à l'état de bois parfait. Tout arbre a de l'aubier. Mais, justement parce que cette partie de l'arbre ne possède pas encore toutes les qualités constitutives du bois parfait, elle doit être rejetée du travail; c'est, du reste, une partie molle, spongieuse, et qui se travaillerait difficilement. De plus, étant spongieuse, elle garde l'humidité, serait exposée à une pourriture rapide et à contaminer les travaux voisins. L'aubier se reconnaît très distinctement dans les bois durs, tels que l'orme et le chêne. Mais, plus l'arbre devient mou, tels que le tilleul, le saule, le peuplier, plus il devient difficile de distinguer l'aubier.

Tronc d'arbre à double aubierDans quelques arbres, très rarement, on a observé le double aubier; c'est une seconde couche d'aubier poussant concentriquement sur la première, et séparée de celle-ci par une couche de bois parfait, comme le représente la figure 2283. On comprend alors que les bois que l'on peut tirer d'un tel arbre sont considérablement réduits comme dimensions, car la seconde couche d'aubier doit être aussi scrupuleusement enlevée que la première. L'équarrissage qui est obtenu peut être tel qu'il soit préférable de renoncer, du moins pour la charpente, à tirer parti d'un tel arbre qui ne saurait être alors utilisé que pour les travaux de menuiserie ou d'ébénisterie n'exigeant pas un fort équarrissage.

Les bois noueux ou rustiques sont ceux dont les fibres, au lieu d'être droites et régulières, sont comme tordues et tressées, nouées les unes aux autres et capricieuses. On comprend que de tels bois ne peuvent être affectés qu'à des travaux spéciaux. Pour la charpente, la menuiserie et l'ébénisterie, ils doivent être laissés tout à fait de côté. En charpente, ils ajouteraient, par leur lourdeur, un poids inutile; en menuiserie, comme en ébénisterie, ils détruiraient l'uniformité d'aspect qui doit exister dans ces travaux. Du reste, les bois de cette nature se travaillent très difficilement. Ils sont donc, réservés soit à de la tabletterie, soit à de menus travaux dans lesquels on peut tirer parti de leur irrégularité.

On peut de suite établir en principe qu'il faut rejeter les bois noueux; le nœud est presque toujours un foyer de pourriture qui peut se propager dans le reste du bois; la multiplicité des nœuds prouve que le bois est tiré des branches plutôt que du tronc de l'arbre.

Ce que nous venons de dire au sujet des arbres à fibres irrégulières peut être maintenu pour les bois dont les fibres sont inégales, c'est-à-dire irrégulières entre elles. Plus les fibres sont serrées, plus les bois sont résistants. Il faut donc, dans le choix des planches, s'attacher à choisir surtout celles dont les fibres sont serrées et surtout celles dont les fibres, régulières entre elles, prouvent que l'arbre a crû dans des conditions normales, sans accident, et qu'il a été abattu en pleine santé. On comprend que ce principe, s'il était absolu, serait d'une application très difficile. On trouve rarement des bois possédant toutes les qualités requises. Nous nous bornons à poser un principe duquel il faut se rapprocher le plus possible.

Les bois gélifs sont des bois viciés qui doivent être rebutés. L'adhérence entre les fibres n'existe presque plus, donc la force du bois est diminuée ; puis, parce que les fentes produites par la gélivure retiennent l'humidité et peuvent occasionner la pourriture; enfin, parce que de grandes parties de bois se détachent souvent pendant le travail.

Même refus d'emploi doit être opposé aux bois gélifs entrelardés, c'est-à-dire aux bois qui ont un mélange d'aubier gelé ou mort et de bois sain et vif. Ce défaut se reconnaît aisément à une sorte de marbrure que l'on remarque en le coupant.

Les bois gercés sont ceux provenant d'arbres qui ont été exposés à de grands hâles ou à des températures trop élevées. Il se forme alors sur l'écorce, perpendiculairement à la longueur de l'arbre, de petites fentes ou ruptures des fibres. Quand ces gerçures ne sont pas profondes, le bois qui est en dessous est parfaitement utilisable, si l'arbre est sain. Mais si les gerçures sont profondes et que les petits éclats qui en résultent soient mous, il est à supposer que l'arbre a été abattu sur le retour et il sera sage d'examiner le bois avec soin.

Le bois fendu qui, de toutes façons, prouve que la résistance est moins grande que si l'on avait une pièce de bois non fendue, ne doit pas être rejeté du travail. La fente provient presque toujours d'une dessiccation trop rapide; elle est toujours parallèle au sens du fil. Quand la fente n'a touché l'arbre que peu profondément, on peut employer les pièces dans leur entier en disposant les principales fentes de façon qu'elles nuisent le moins possible à la force de la pièce. Mais si les fentes sont profondes (parfois elles vont jusqu'au cœur de l'arbre), il vaudra mieux refendre les pièces. Les petits équarrissages que l'on en tirera seront de très bonne qualité; on aura soin de faire passer les traits de scie par les fentes.

Le bois roulé doit être absolument rejeté de tout travail, à moins qu'il ne soit possible, dans l'équarrissement ou dans le débit à la scie, de supprimer tout le bois qui serait roulé.

Les bois tordus, comme les bois rustiques ou nouveaux, doivent être délaissés; ils empêchent tout travail, leurs fibres ne se dirigeant pas en ligne droite.

Le bois en retour est un bois qui n'aura ni la force, ni la durée du bois sain. Ce bois ne saurait être employé en charpente, mais il est utilisable pour les travaux de menuiserie et d'ébénisterie. Comme nous l'avons dit plus haut, ce bois se reconnaît par l'absence de la bonne odeur du bois sain fraîchement abattu et aussi, lorsqu'il est sec, par une quantité de fentes et de gerçures au travers des fibres sur les faces d'équarrissement des pièces; enfin, par son apparence terne lorsqu'on le coupe.

Le bois passé est un bois qui a un degré de détérioration de plus que le bois sur le retour; il n'a plus la ténacité voulue et ne saurait être utilisé pour la charpente.

Le bois mort est à rejeter radicalement ; il tombe très rapidement en poussière. Les bois morts sont ceux des arbres abattus alors que morts sur pied.

Le bois chauffé est celui qui s'est trouvé placé dans un endroit qui n'a pas permis à sa sève de sécher et qui a favorisé sa fermentation, laquelle ne cesse que lorsque la pourriture est complète. Ces bois doivent être absolument laissés de côté ; car le vice dont ils sont atteints se propage rapidement et se communiquerait même aux pièces saines qui seraient en contact avec lui.

Le bois brûlé a atteint un degré tel de. détérioration que sa réduction en poussière très fine est proche. Ces bois sont presque toujours atteints de vermoulure.

La pourriture, ou détérioration définitive du bois, est la décomposition complète des matières ligneuses. Cette décomposition résulte des alternatives de sécheresse ou d'humidité, ou seulement de l'une de ces causes. Lorsque le bois est privé d'air avant d'être parvenu à une siccité parfaite, il peut pourrir, de même lorsque l'humidité est assez abondante pour amollir la sève et développer sa fermentation.

La vermoulure, qui attaque les bois abattus ou mis en œuvre, est produite par des vers différents de ceux qui attaquent l'arbre sur pied. Cette vermoulure est un indice que le bois est en mauvais état; elle n'est pas, à proprement parler, une maladie. Elle n'attaque du reste que la surface du bois en y laissant des petits trous ronds produits par l'éclosion de l'œuf et le vol de l'insecte qui s'échappe pour aller déposer ses œufs sur un autre bois.

La carie sèche se manifeste à la surface des bois ; c'est une sorte de pourriture due à une végétation de champignons ou d'agarics; elle se propage rapidement.

Les termites sont des insectes qui se logent et font leurs nids dans l'intérieur des bois, où ils pénètrent par les murailles. La fécondité de ces insectes est considérable; on estime à plus de 70.000 les œufs qu'une femelle peut pondre en vingt-quatre heures. Les termites se nourrissent dans le bois; ils y creusent de petits canaux qu'ils agrandissent peu à peu, tout en laissant en parfait état la surface du bois et l'épiderme nécessaires au soutien de leur travail. Les bois ont alors l'apparence d'être en bon état et sont complètement creusés à l'intérieur. Il n'est pas rare de voir des pièces de charpente, que l'on croyait parfaitement saines, se rompre sous le travail de ces petits insectes.

Les bois qui servent aux travaux hydrauliques maritimes ont à redouter des ennemis spéciaux. Ce sont d'abord les tarets, mollusques dont le frai est transporté par l'eau de mer et s'attache à tous les bois qu'il rencontre. Chaque petit taret s'insinue dans le bois, y fait un trou imperceptible d'abord qu'il agrandit à mesure qu'il augmente de volume, et il forme ainsi une sorte de galerie cylindrique qui va du niveau du fond jusqu'à celui de l'eau. Dans un pieu, par exemple, le taret formera sa galerie en montant et en descendant le fil du bois et ne cessera de travailler et de vivre que lorsqu'il ne trouvera plus de bois à ronger. Les plus grosses pièces de charpente, à plus forte raison les plus petites, peuvent être assez rapidement mises hors d'usage par la destruction de ces vers que l'on nomme aussi vers à tuyaux, à cause de l'enduit calcaire dont ils revêtent la paroi intérieure de leur galerie.

Les pholades sont des coquillages; l'animal est contenu dans deux valves principales, dont le mouvement giratoire et perforateur lui sert à approfondir sa loge et à l'élargir à mesure qu'il augmente de volume. Leur travail, tout en étant plus rare et plus lent que celui des tarets, n'en est pas moins très dangereux pour les bois auxquels cette coquille s'attache. (Voy. bois, défauts.)

Mise à jour 2019-01-04


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Dictionnaire pratique de menuiserie ébénisterie charpente - Justin Storck Nouveau dictionnaire pratique du bois de menuiserie ébénisterie charpente Georges Cartannaz