Lucarne

subs. fém.

Lucarne, au Château d'Ecoville, XVIe sièclOuverture faite sur le rampant d'un comble pour éclairer et aérer les chambres ou les greniers ménagés dans celui-ci. Souvent, surtout dans les édifices du Moyen Age et de la Renaissance, les lucarnes étaient en devanture, c'est-à-dire que leur façade était au nu de la façade de l'édifice, comme le montre la figure 2198. Lucarne, au Château d'Ecoville, XVIe siècle.

La figure 2199, Lucarne au Mans, XVIe siècle, en est également un exemple. Au Moyen Age comme à la Renaissance, comme aux époques postérieures et actuelles, on a donné aux lucarnes, dans les monuments importants, une décoration sculpturale en rapport avec l'importance et le style du monument. Les frontons, les guirlandes de fruits et fleurs, les chambranles moulurés furent et sont employés pour leur décoration.

Lucarne au Mans, XVIe siècleLucarne, à l'Hôtel de Ville de Paris

Fig. 2200. Lucarne, à l'Hôtel de Ville de Paris (XIXe siècle), MM. Ballu et Deperthes architectes.

Lucarnes capucine, retroussée et flamandeLes lucarnes se font en pierre ou en bois; en ce dernier cas, elles se font ou en charpente apparente ou bien recouvertes d'ardoises, de plomb ou de zinc. Les lucarnes se composent généralement de deux portions triangulaires ou pans de bois que l'on nomme joues ou jouées, et qui sont assemblées dans les chevrons latéraux de l'ouverture nommés chevrons de jouées, lesquels sont plus épais que les autres chevrons. Ces portions triangulaires peuvent être remplacées par une partie circulaire ou par un gâble ou un tympan uni ou orné. Les joues de la lucarne supportent son toit.

La lucarne se termine sur le devant par un châssis dormant formant fenêtre du côté de la façade de la bâtisse. Cette fenêtre peut être fermée par des châssis vitrés ou des volets pleins.

Les lucarnes en charpente apparente sont presque toujours des ouvertures faites dans le rampant du comble, en retrait sur le nu de la façade et ne donnant lieu à aucune décoration.

Leurs appellations varient selon la forme qui leur est donnée.

La figure 2201 représente la projection, vue de face, d'une Lucarne capucine, pourvue d'une croupe sur le devant. La figure 2202 est la Coupe.

Lucarnes avec fronton, bombée et rampanteLa panne P est coupée par le passage de la lucarne ; mais si l'écartement des fermes du comble est assez grand pour que l'on ne puisse laisser sans soutien les bouts de la panne interrompue par la lucarne, on assemble ces bouts de panne dans deux linçoirs de panne établis sous les chevrons portant les joues de la lucarne. Les linçoirs de panne s'assemblent dans là panne P' et portent sur des blochets B de sablière.

Fig. 2203, 2204. Elévation et Coupe d'une Lucarne retroussée que l'on emploie pour les combles de peu d'importance; elle est également dite à la demoiselle.

Fig. 2205, 2206. Elévation et Coupe d'une Lucarne flamande ou à fronton triangulaire.

Fig. 2207. Lucarne, avec fronton, cintrée intérieurement, dont la figure 2208 est la Coupe.

Fig. 2209. Lucarne bombée; son toit suit la courbure du fronton; fig. 2210, Coupe de celle-ci.

Lucarnes à capucine et en saillieOn appelle Lucarne rampante celle qui offre une pente dans le sens du toit, comme celle que représente la figure 2211, dont la figure 2212 est la Coupe.

Fig. 2213. Lucarne à capucine n'ayant pas de croupe sur le devant; elles sont dites également à chevalet.

La figure 2214 en est la Coupe.

Fig. 2215. Elévation d'une Lucarne formant saillie sur la façade d'un bâtiment, avec palier soutenu par des consoles pour le service du grenier.

La figure 2216 montre le plan de cette lucarne et la figure 2217, la Coupe.

La petite croupe de cette lucarne est conique; la frise sur laquelle elle est établie est arrondie, comme la pièce qui forme le bord du palier, suivant deux surfaces cylindriques parallèles dont l'axe commun est vertical.

Cette frise est soutenue par des aisseliers cintrés, fig. 2217, suivant une surface cylindrique dont l'axe est horizontal. Les intersections de ces surfaces cylindriques donnent la forme extérieure du cintre de la lucarne dont la projection, fig. 2215, est tracée par les courbures abc construites par points.

Lucarne en saillieFig. 2218. Elévation d'une Lucarne formant saillie sur la façade d'un bâtiment mais établie sur un plan carré (fig. 2219). La figure 2220 est la Coupe de cette lucarne.

La croupe du toit est soutenue par des aisseliers qui n'ont qu'une courbure égale à celle du cintre intérieur de la lucarne. Les pièces de bois qui forment le palier sont des prolongements des solives du plancher; elles sont soutenues par des aisseliers en bois droits ou cintrés.

Comme le montre la figure 2221, on peut, à la charpente de la lucarne, ajouter un sous-faite à l'extrémité duquel on attache une poulie servant à monter les fardeaux. Le sous-faite a pour but de porter la poulie au dehors du toit.

Fig. 2222. Lucarne à toit saillant, dont la figure 2223 est la Coupe. Ces lucarnes sont nommées également chiens assis. (Voy. ce mot.)

Lucarne chien assisLes lucarnes peuvent être circulaires (voy. oeil-de-boeuf), hexagonales, octogonales, etc. Elles sont, quelle que soit leur forme extérieure, construites selon les mêmes règles.

Fig. 2224. Lucarne ou œil-de-bœuf, dont la figure 2225 est la Coupe.

Les lucarnes peuvent être jumelles sans que leur construction soit différente pour cela.

Fig. 2226. Lucarne jumelle carrée, à Rouen, XVIe siècle, époque de Louis XIII.

Lucarne oeil de boeufFig. 2227. Lucarne jumelle, au château d'Angerville, XVIe siècle.

Les évents (voy. ce mot) sont également des lucarnes, de même que les trous pratiqués dans les toits et recouverts d'une tuile, lucarne faîtière.

Législ. Le décret du 23 juillet 1884, article 13, soumet dans Paris rétablissement des lucarnes placées sur la voie publique aux prescriptions suivantes :

« La face extérieure des lucarnes et oeils-de-bœuf peut être placée à l'aplomb du parement extérieur du mur de face donnant sur la voie publique, mais jamais en saillie. Le couronnement des lucarnes ou œils-de-bœuf, établis soit au 1er, soit au 2e rang, ne pourra faire saillie de plus de 0m,50 sur le périmètre légal mesuré suivant le rayon dudit périmètre. L'ensemble produit par les largeurs cumulées des faces de lucarnes d'un bâtiment ne pourra pas excéder les 2/3 de la longueur de face de ce bâtiment. »

Lucarne jumelle carrée, à Rouen, XVIe siècle, époque de Louis XIIILe décret impérial du 27 juillet 1839 avait établi que la façade extérieure des lucarnes à établir dans un comble devait être placée en arrière du parement extérieur du mur de face donnant sur la voie publique et à une distance d'au moins 30 centimètres. Ces ouvertures ne devaient s'élever, y compris leur toiture, à plus de 3 mètres au-dessus de la base des combles; leur largeur ne pouvant excéder 1m,50 hors œuvre.

Les jouées des lucarnes doivent être parallèles entre elles et l'intervalle entre deux lucarnes doit être d'au moins 1m,50, quelle que soit la largeur de celle-ci; la saillie de leur corniche ne devant pas excéder 0m,15.

En se renfermant dans le périmètre déterminé, il peut être établi un second rang de lucarnes :

Lucarne jumelle, au château d'Angerville, XVIe siècle1° Pour les maisons construites sur des voies de moins de 15 mètres de largeur, dans la ligne inclinée à 45° qui part de l'extrémité de la corniche ou de l'entablement;

2° Pour les maisons construites sur les quais, boulevards, places publiques et autres voies publiques ayant au moins 15 mètres de largeur, ainsi que dans les cours et espaces intérieurs en dehors de la voie publique, dans un quart de cercle dont le rayon ne peut excéder une hauteur égale à la moitié de la profondeur du bâtiment, y compris les corniches et saillies.

Mise à jour 2019-01-04


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