Marche

subs. fém.

Marche d'escalierDegré, partie horizontale en pierre, en bois et en fer d'un escalier sur laquelle on pose le pied pour monter ou descendre d'un étage ou pour communiquer entre deux terre-pleins de niveaux différents. (Voy. escalier.) La partie verticale d'une marche se nomme contremarche A (fig. 2290) ; la partie horizontale B prend le nom de giron; la ligne de giron (voy. ce mot) passe au milieu de la longueur des marches droites, c'est-à-dire de celles qui ne sont pas balancées. (Voy. ce mot.)

La largeur des marches prise sur cette ligne doit être la même pour chaque volée.

La première marche d'un escalier prend le nom dé marche de départ; elle est le plus souvent en pierre et supporte le pilastre de la rampe; celle qui correspond à un palier s'appelle marche palière ; celle au-dessus d'un palier marché de remontoir et la dernière est la marche d'arrivée.

Marche rampante, celle dont le plan supérieur est incliné.

Marche courbe , la marche cintrée.

Marche droite , celle qui est partout de la même largeur et dont, par conséquent, les deux lignes de giron sont parallèles. . Marche gironnée, la marche tournante.

Marche moulée, celle qui est bordée d'une moulure.

Marche dansante, celle dont une extrémité est moins large que l'autre.

Marche d'angle, celle qui part de l'angle de deux murs.

Marche de demi-angle, celle qui suit ou précède la marche d'angle.

Marche biaise, celle qui est partout de même largeur mais dont les petits côtés ne font pas angle droit avec les grands côtés.

La partie d'une marche scellée dans le mur de la cage prend le nom de portée et celle qui est encastrée dans le limon celui de collet ; dans les marches droites, ces largeurs sont égales.

Fig. 2291. Projection horizontale d'une marche de départ.

Les marches des escaliers en pierre sont le plus souvent pleines ou massives; elles le sont moins fréquemment quand elles sont en bois (fig. 2292) ; dans les escaliers en bois, au contraire, la contremarche est généralement embrevée avec la marche ; en ce cas, la marche est dite marche creuse.

Fig. 2293. Marches et contremarches embrevées et moulurées en dessous pour former plafond.

Toutes les marches d'un escalier doivent être de même hauteur. Cette hauteur, qui est proportionnée à la distance horizontale du milieu d'une marche à celui de la marche suivante, doit être telle que l'effort fait pour monter ne diffère pas beaucoup de celui que l'enfant fait en marchant à une vitesse ordinaire sur un terrain horizontal. Ce rapport ne pouvant être exactement le même pour des êtres de tailles différentes, il a été établi une moyenne.

La longueur moyenne des pas d'une personne de taille ordinaire, marchant à l'allure normale, est de 0m,487; la hauteur dont un pied peut s'élever au-dessus de l'autre, verticalement, dans une ascension sur une échelle verticale, est aussi de 0m,487; ce sont donc ces deux bases qui ont servi à établir soit la largeur, soit la hauteur des marches; et l'on a admis en principe que ces deux dimensions réunies ne doivent pas , normalement , dépasser 0m,487. Ainsi, lorsque la hauteur des marches d'un escalier est de 0m,135, leur largeur devra être de 0m,352; quand la hauteur sera de 0m,189, la largeur sera de 0m,298.

On comprend alors que les escaliers dont les marches sont trop raides, c'est-à-dire trop hautes, offrent, outre l'inconvénient d'obliger à un effort pour soutenir le poids du corps pour passer d'une marche à une autre, cette gêne que les marches n'ont plus assez de largeur pour poser le pied aisément.

Les escaliers trop doux, ou dont les marches n'ont pas assez de hauteur, comme on en trouve dans les grands monuments, offrent à la montée ou à la descente des inconvénients qui ne sont pas moindres, parce que cette hauteur ne correspondant pas à celle normale du pas vertical ; le pied, à moins d'un arrêt prolongé pour laisser porter le poids du corps sur l'autre pied, heurte brusquement la marche sur laquelle il se pose. Cet inconvénient disparaît quand la marche est assez large pour que l'on puisse faire au moins un pas sur chaque marche avant de franchir la suivante.

On peut donc admettre comme généralement acceptées les dimensions suivantes : 0m,325 pour la largeur horizontale et 0m,1625 pour la hauteur. (Voy. devanture, saillie.)

Le dessous du plafond des marches droites est une surface plane; celui des marches biaises est gauche et se nomme débillardement. (Voy. ce mot.)

Dans les escaliers de caves ou de souterrains, le devant de la marche est souvent chanfreiné pour augmenter le giron de la marche immédiatement inférieure.

Quand les marches ne sont moulurées qu'à une seule extrémité, l'escalier est dit à demi-onglet ; l'escalier est dit à onglet quand les marches sont moulurées aux deux extrémités.

Echelle à marches platesLa marche la plus simple est celle des échelles dites échelles à marches plates. Ces marches sont inclinées d'une quantité égale à l'inclinaison des montants, afin de reprendre la position horizontale lorsque l'échelle est ouverte ; elles sont affleurées au dehors des montants auxquels elles sont fixées au moyen d'un tenon ou d'une entaille.

Fig. 2294. Echelle à marches plates (1).

Les planches dont sont faites les marches ont environ 0m,04 d'épaisseur; c'est le développement de la ligne de giron et le balancement sur le limon qui déterminent la largeur.

La contre-marche pénètre dans une rainure pratiquée à environ 4 centimètres du nez de la marche. On appelle nez de marche la partie moulurée de la marche qui forme saillie. Cette mouluration peut être un quart de rond ou telle autre forme accompagnée d'un petit carré.

marches echelle de meunierLa marche repose, par une extrémité, sur une crémaillère à laquelle elle est fixée par des vis ou des pointes; l'autre extrémité s'assemble dans une entaille pratiquée dans le limon.

La figure 2295 indique plusieurs manières d'assembler les marches dans l'escalier dit échelle de meunier. Les mortaises peuvent être rectangulaires comme en a, ou suivre la pente du limon comme en b, en coupant les marches sur les deux bords suivant celte même pente. Il est bon que la moulure c du nez des marches recouvre le dessus du limon. Afin d'éviter que les marches ne se fendent, on fait porter leurs bouts en embrèvement dans des rainures égales à leurs épaisseurs, creusées dans les joues intérieures des limons, sur une profondeur égale au tiers de l'épaisseur de celui-ci.

Escaliers à retour d'équerre et à double retourDans les escaliers à retour d'équerre, le palier de repos est remplacé par des marches balancées tournant autour du poteau sur lequel les limons sont assemblés ; ce poteau peut être évidé intérieurement et arrondi du côté des marches ; il forme alors un petit noyau facilitant l'assemblage des marches. Fig. 2296.

Dans les escaliers à double retour (fig. 2297), toutes les marches comprises entre les deux retours sont balancées, la marche de départ et celle d'arrivée étant perpendiculaires aux limons.

Dans les escaliers à vis Saint-Gilles, toutes les marches sont de même largeur et de hauteur égale et s'assemblent dans une colonne centrale autour de laquelle elles rayonnent. Fig. 2298.

Dans les petits escaliers isolés établis pour faire communiquer à l'intérieur deux étages (fig. 2299), les marches sont ou pleines ou creuses, profilées aux deux bouts. Lorsque les marches et les joints ne sont pas assez larges pour consolider ces joints par l'emploi de boulons, on incruste des bandes de fer dans la surface de dessous l'escalier ; ces bandes, qui parcourent tout le développement de escalier en suivant le rampant, sont fixées à la surface de dessous par de fortes vis à une égale distance des deux bouts des marches.

Escaliers à vis de Saint GillesDans les escaliers à jour rond, les marches peuvent être comprises entre deux murs ou assemblées dans les deux limons par leurs extrémités. Fig. 2300.

Le jour de l'escalier, s'il vient du haut, étant établi et la longueur de l'emmarchement étant fixée, on place la marche de départ, marche massive, on trace la ligne de giron, et sur cette ligne on établit la division des marches; puis, avec un retrait de 0m,0425 sur le nez des marches (0,04 pour la rainure d'assemblage de la contre-marche et 0,025 pour l'épaisseur de celle-ci), on mène les devants des marches en les faisant rayonner au centre ; puis, parallèlement à cette ligne, on mène le devant des contre-marches et leur épaisseur.

Escalier à jour rondDans les escaliers en bois ayant une grande largeur d'emmarchement, le scellement des marches dans les murs et la coupe du joint ne suffiraient pas pour assurer la solidité de l'escalier, car la flexibilité du bois permettrait aux marches de fléchir ou de se tordre; en ce cas, on consolide l'assemblage des marcues en les boulonnant les unes aux autres, comme le représente la figure 2301, en profil et en projection horizontale. Les marches sont unies deux à deux par un boulon, et chaque marche est traversée par deux boulons : l'un qui y appuie sa tête, l'autre qui s'appuie sans écrou, comme on le voit dans la figure C.

Assemblage des marches d'escalierDans les escaliers sans limon en bois et de grand emmarchement, les marches sont ainsi assujetties par 2 ou 3 cours de boulons disposés de même manière. Ces boulons ne sont pas apparents et doivent toujours avoir leurs têtes et leurs écrous dans les joints en coupe.

Le bois dont ces escaliers sont faits doit être très sec, parce que s'il se produisait une ouverture aux joints, par suite de la dessiccation du bois, on ne pourrait serrer les écrous sans démonter l'escalier. Cette même précaution provenant de l'emploi des boulons pour réunir les marches entre elles peut être prise pour les escaliers circulaires, comme le montre la figure 2302.

La contre-marche est le parement vertical du devant de la marche; c'est aussi, dans les marches non massives, la planche assemblée sous le nez de la marche, et clouée dans sa partie inférieure derrière la marche située au-dessous de la première.

Les contre-marches sont faites en planches plus minces que les marches, environ 0m,025 ; leur hauteur varie de 0m,16 à 0m,18, hauteur maxima pour qu'un escalier soit facile à gravir. Une proportion doit être établie entre la hauteur des contre-marches et la largeur des marches ; quand les marches sont larges, la contre-marche doit être peu élevée.

Fixation des contre-marchesUne extrémité de la contre-marche se fixe, comme les marches, sur la crémaillère au moyen de vis ou de pointes; l'autre extrémité est assemblée au limon. Fig. 2303.

PRIX : Charpente.

Les marches et contre-marches circulaires en plan de moitié de la longueur de l'emmarchement et celles portant volutes sont payées trois dixièmes en plus.

Les marches palières profilées comptent pour autant de marches qu'elles en comportent en longueur; les fractions en excédent sont payées proportionnellement au prix de la marche. Les portées des marches palières ne sont pas comprises dans le mesurage de leur longueur.

La longueur de l'emmarchement est prise sur les marches droites ou sur celles qui s'en rapprochent le plus.

Voy. coupement, escalier.

(1) Roubo. Art de la menuiserie, Joliot, éditeur.

Mise à jour 2019-01-04


Lettres

Ce dictionnaire en version papier

Dictionnaire pratique de menuiserie ébénisterie charpente - Justin Storck Nouveau dictionnaire pratique du bois de menuiserie ébénisterie charpente Georges Cartannaz