subs. fém.
I. Arch. Nom dont on a désigné autrefois les meneaux (voy. ce mot) de pierre ou de bois en forme de croix qui divisaient en quatre parties la baie d'une fenêtre.
II. On donne aussi ce nom au croisement de la nef et des nefs transversales d'une église, donnant en plan la forme d'une croix ; les parties formant les deux bras prend le nom de transept. (Voy. ce mot.)
III. Men. On appelle croisée l'ensemble des bois destinés à clore une baie de fenêtre.
Une croisée se compose de châssis vitrés, mobiles, destinés à laisser pénétrer la lumière et l'air à l'intérieur ; ces châssis à petits ou grands carreaux sont ferrés avec des fiches ou des paumelles sur le bâti dormant qui, lui-même, est scellé dans les murs de la baie au moyen de pattes à scellement. Les murs sont le plus souvent ravalés d'une feuillure destinée à le recevoir.
La figures 1104 représente une partie de l'élévation d'une croisée ordinaire avec deux rangs de petits bois ; les coupes de hauteur et de largeur y sont également figurées. L'ébrasement qui est à l'intérieur et les tableaux qui sont à l'extérieur forment le contour de la baie sur trois sens. L'appui de la croisée et le sol le complètent.
Les mesures des croisées se prennent pour la largeur entre les tableaux et pour la hauteur entre le tableau du haut ou linteau et l'appui ; le vide encadré entre ces quatre points se nomme le clair de la fenêtre. (Voy. ce mot.)
Fig. 1105. Coupes à une plus grande échelle, faites en des points différents de l'élévation.
Nous donnons ci-dessous les dénominations des pièces qui composent une croisée.
N° 1. Battant dormant sur la rive intérieure duquel est poussée une noix I et le congé pour les ferrures.
2. Battant de fiche ; il porte sur la rive extérieure la contre-noix ; la rive intérieure est moulurée, et, pour recevoir les vitres, est munie d'une feuillure à verre comme toutes les autres pièces qui composent le châssis.
3. Battant mouton ; la rive extérieure est arrondie et entre dans la gueule-de-loup A de la côte.
4. Côte ou meneau ; la gueule-de-loup est poussée sur la rivé extérieure ; l'autre rive porte des rainures d'embrèvement.
5. Battant embrevé ; la rive extérieure porte une rainure et deux languettes bâtardes qui s'embrèvent dans la côte sur laquelle il est collé et cloué.
La réunion de ces deux battants constitue le battant meneau qui, autrefois, se faisait d'une seule pièce ; les côtes ou meneau étaient élégies dans la masse.
6. Pièce d'appui ; elle s'assemble à flottage sur les battants dormants ; une rigole ou gorge d'écoulement H part à rien de ces derniers, ayant sa partie la plus profonde au milieu, où se trouve percé un trou qui rejette au dehors les eaux provenant de la buée intérieure et en dessous le regingot qui empêche l'entrée de celles du dehors. L'appui en pierre est taillé en conséquence.
7. Jet d'eau qui forme la traverse basse du châssis. Sous la feuillure se trouve le coupe-larme, dont le but est d'arrêter le passage des eaux pluviales ; il prend aussi le nom de larmier et de goutte. Les jets d'eaux sont assemblés à flottage avec les battants ; leur fonction se fait en J à la rive extérieure du meneau ; leur coupe est biaise et laisse un vide sur le bord pour permettre aux châssis de développer.
La forme du jet d'eau a été et est encore l'objet des préoccupations et des études de tous les constructeurs. Les formes en sont nombreuses et variées. (Voy. jet d'eau.)
8. Petit bois.
9. Traverse haute du châssis.
10. Traverse haute du dormant.
Les battants dormants ainsi que la traverse laissent un carré de 0,015 à 0,020 millimètres de saillie sur les tableaux.
Les noix et la gueule de loup doivent avoir assez de jeu en épaisseur pour laisser la place de la peinture ; car, en comptant trois couches sur chaque contour, on voit qu'il n'y a pas moins de 12 couches à observer.
En hauteur, les châssis doivent laisser de 0m,003 de jeu environ entre eux et la pièce d'appui, car le moindre tassement ou changement de température suffit pour que la croisée ne fonctionne plus ; la différence entre la température intérieure et celle extérieure fait un tirage d'autant plus fort que l'espace par où l'air passe est plus resserré.
La figure 1106 montre en coupe un système très simple et très propre au calfeutrement du jet d'eau et de la pièce d'appui. Il se compose d'un champ en bois de l'épaisseur de la côte rapporté sur le jet d'eau, et d'une plaque de tôle vissée dessus, qui recouvre sur la pièce d'appui. Ce calfeutrement peut se faire tout en bois.
Quand les croisées ont une grande hauteur, on les divise en deux ou plusieurs parties au moyen de pièces d'imposte le plus souvent moulurées. Les châssis inférieurs ouvrent de la façon ordinaire, les châssis d'imposte sont ouvrants ou dormants. Figure 1107.
Quand au contraire elles sont trop larges pour ouvrir à deux vantaux, on les divise au moyen de montants dormants ou meneaux, les châssis des extrémités étant ouvrants ou fixes. Fig. 1108.
Les croisées à plein cintre en élévation ou en anse de panier se font le plus souvent à imposte. La pièce d'imposte est alors placée à la naissance du cintre, où elle se raccorde avec un corps d'architecture tel que bandeau, chapiteau, etc.
La figure 1109 représente une croisée à petits carreaux cintrée en anse de panier : la pièce d'imposte règne avec les chapiteaux des pilastres de la base ; elle est divisée dans sa largeur par deux meneaux. Les cercles de ces croisées s'assemblent à traits de Jupiter, avec joints convergeant au centre quand les bois que l'on emploie l'exigent. Les petits bois qui divisent un châssis en largeur prennent le nom de montants de petits bois ou petits bois montants ; leur rencontre avec les traverses de petit bois forme un croisillon.
Les croisées cintrées en plan se font assez rarement, en raison des verres spéciaux qu'elles exigent. On remédie à cet inconvénient en mettant des verres droits si le cintre n'est pas trop accentué et quand ils peuvent se placer dans l'épaisseur du bois, comme le fait voir la figure 1110.
Les portes-croisées ne diffèrent des croisées ordinaires que par le panneau d'appui qu'elles ont à leur partie inférieure. Pour la fermeture du milieu on doit éviter les feuillures à chanfrein et à doucine, qui sont toujours une difficulté pour les serrures. Les feuillures carrées que l'on double au besoin sont toujours préférables. Les portes-croisées donnant sur un balcon peuvent être à gueule-de-loup.
Fig. 1111. Porte-croisée de la Bibliothèque Nationale de Paris, dont la figure 1112 donne les coupes principales.
Croisée à bascule. Comme aux châssis à bascule (voy. ce mot), on donne le nom de croisée à bascule aux croisées dont les châssis s'ouvrent et se ferment par un mouvement de bascule. Ordinairement, dans ce mouvement la partie basse du châssis est dirigée à l'extérieure et la partie haute à l'intérieur.
Le mouvement de bascule est obtenu au moyen de ferrures à pivots qui, suivant leur façon, sont posées sur le champ ou sur le plat des châssis et des dormants au milieu de la hauteur.
Les feuillures et les battues sont faites inversement dans chacune des parties hautes et basses des châssis et des dormants. Fig. 1113. Ce système est employé dans les endroits où le développement ordinaire des châssis serait difficile.
Croisée à coulisse dite à guillotine. Système de croisée dans lequel les châssis coulissent verticalement.
Comme pour les portes à coulisse, le coulissage se fait au moyen de montants dormants ou coulisseaux feuillés ou rainés.
Le plus souvent les croisées à guillotine se composent de deux châssis superposés en hauteur et en épaisseur : celui du haut F reste fixe, celui du bas M s'ouvre ou se ferme en le levant ou l'abaissant au moyen de boutons ou de poignées ; il saillit de son épaisseur sur le châssis du haut et le dormant est augmenté de cette épaisseur.
Fig. 1114. Élévation, coupe de hauteur et plan.
Fig. 1115. Partie de coupe sur AB à une plus grande échelle.
Le châssis étant levé est maintenu à la hauteur voulue au moyen de taquets fixés sur le tableau de la fenêtre. Fig. 1116.
Ce genre de support, assez primitif, peut être remplacé par des ferrures telles que targettes, cliquets ou autre pièce de serrurerie.
Les châssis peuvent aussi être soutenus au moyen de contrepoids, qui les équilibrent et les empêchent de tomber trop rapidement ou accidentellement ; c'est la possibilité de cette chute précipitée qui avait fait donner à ces croisées le nom de croisées à guillotines.
Ce système peut s'employer pour les châssis de guichets, pour les châssis des devantures de magasins ayant besoin de beaucoup d'air et, en général, dans les endroits où les châssis gêneraient par leur développement.
La figure 1117 montre une disposition de châssis de croisée à guillotine avec contrepoids qui soutiennent le châssis quand il est levé ; ces contrepoids sont reliés par des cordes à la partie supérieure du châssis à guillotine ; ces cordes s'enroulent sur des poulies qui correspondent à des caissons disposés pour le mouvement des contrepoids.
Le châssis coulisse dans un fer à U.
Fig. 1118. Coupe sur AB à une plus grande échelle faisant voir la disposition du caisson dont le chambranle pourrait être mouluré.
Fig. 1119 et 1120. Coupes sur CD et EF ; le côté du caisson est déposé, ce qui permet de voir la disposition de la corde et de la poulie.
Croisée double. On donne ce nom à la deuxième croisée que l'on pose quelquefois dans les tableaux, en arrière de la première, comme double protection contre l'air extérieur. (Voy. contre-fenêtre.)
On fait également des croisées en fer ; mais l'usage en est encore très restreint.
Prix : Men. au mètre superficiel ; bois neuf. Croisée moulurée sut un parement, ouvrant à noix et gueule de loup, avec dormant, jet d'eau et pièce d'appui, sans petit bois.
Les croisées moulurées aux 2 parements sont payées 1/20 en plus.
Pour chaque traverse de petits bois ordinaires jusqu'à 0m,04 de large, il est ajouté à la hauteur réelle des croisées 0m,07. Lorsque ces traverses ont plus de 0m,04 de largeur, le surplus est ajouté à la hauteur.
Dans les châssis des croisées, pour chaque rang de petits bois montants par vantail, il est ajouté à la largeur réelle 0m,03.
Si les châssis ont chacun un rang de petits bois montants, il est ajouté à la largeur réelle deux fois 0m,05. Aux croisées au-dessous de 1m,70 de hauteur et par chaque 0m,05 en moins il est ajouté à la hauteur réelle 0m,03. Aux croisées à trois ou quatre vantaux, pour chaque meneau de même épaisseur que le dormant jusqu'à 0m,08 de largeur séparant les parties à un vantail de celles à deux vantaux, il est ajouté à la largeur réelle desdites croisées :
0m20 si le châssis à un vantail est fixe ;
0m,23 — — est ouvrant.
Au-dessous de 0m,08 de largeur de meneau, chaque centimètre est compté pour 0m,013 et ajouté en plus à la largeur de la croisée.
Chaque angle arrondi intérieur d'une croisée est payé en plus, compris déchets, assemblages, ajustements et profils en raccord.
Prix (Voy. battant, cloison, dépose, jalousie, lambris, persienne).
Mise à jour 2019-01-04