Pied

subs. masc.

Pied de fauteuil, époque de la RenaissanceI. La partie inférieure d'un objet ; celle qui porte sur le sol ou sur le support de l'objet.

Donner du pied à un mur, c'est le monter en le diminuant d'épaisseur à partir de sa base.

Donner du pied à un travail que l'on pose, c'est avancer la partie inférieure d'une petite quantité de l'aplomb vertical.

Il en est de même d'une pièce de bois, d'une échelle ou d'un objet quelconque que l'on incline plus ou moins pour l'appuyer et lui donner ainsi plus d'assiette.

Pied cornier. Poteau de charpente placé à l'angle d'un pan de bois. (Voy. cornier, pan.)

Pied de crédence, époque Henri II, Louis XIIIOn donne ordinairement le nom de pied à tout ce qui sert à soutenir un objet : un pied d'établi, un pied de table, un pied de lit, un pied montant ou pied d'angle d'une armoire, etc.

II. Ancienne mesure de surface que l'on nommait pied de roi, qui correspond à environ 0m,33.

La dimension du pied variait selon les provinces, et même les localités ; celui de Paris et de quelques autres villes de France contenait 144 lignes. Il était divisé en 12 pouces, le pouce en 12 lignes, la ligne en 12 points.

Six pieds formaient une toise.

Le pied de Lyon valait 12 pouces, 7 lignes et 6 points.

Le pied carré était la produit de la multiplication de deux pieds simples.

Le pied cube était le nombre formé du produit du pied carré par le pied simple.

Pied de console, style Louis XIVIII. Ébén. Les pieds sont les parties inférieures des meubles et des sièges. Il ne faut pas, pour les meubles, confondre les pieds avec le corps du bas. Un buffet, une bibliothèque peuvent être à un ou deux corps (voy. ce mot) ; le pied supporte le ou les corps. Les sièges sont supportés par des pieds.

La forme qui est donnée aux pieds varie à l'infini, selon le style, selon la richesse de l'objet qu'ils sont appelés à supporter. Malgré cette grande variété qui tend à donner des formes ayant quelques analogies entre des pieds de styles différents, il est permis d'établir certaines données générales permettant de caractériser les époques.

Le pied roman est bas et trapu, presque toujours en fût de colonne unique.

Le pied ogival, au contraire, accouple très fréquemment les colonnes ou les corps de moulures pour en former des pieds ou supports.

Pied de console, style Louis XIVLe pied Renaissance, se sert très souvent de chimères, de figures ailées. Souvent aussi c'est par la pureté de la silhouette, sans aucune ornementation, que se caractérise cette partie des sièges.

Le pied Louis XIV affecte, plus particulièrement, la forme de balustres, larges du haut, étroits du bas ; souvent aussi il est galbé.

Le pied Louis XV est galbé ; d'un galbe plus accentué que dans le style Louis XIV.

Le pied Louis XVI est droit, en forme de colonnes de plus large diamètre en haut qu'en bas ; la colonne très souvent cannelée, perlée ; fréquemment le pied est surmonté d'une tête de bélier et se termine par un pied de bouc.

Le pied Empire a eu quelque analogie avec le pied Louis XVI, au début du règne; plus tard, il s'est rapproché des formes romaines, s'est fait trapu et massif.

Le pied XIXe siècle a emprunté un peu les formes de tous les styles précédents, sans leur donner un caractère particulier.

Le pied modern'style suit les fantaisies de cet art nouveau avec une tendance à se rapprocher du galbe Louis XV.

Nous nous bornons à donner quelques exemples choisis parmi ceux qui caractérisent le mieux les diverses époques.

Fig. 3036. Pied de fauteuil, époque de la Renaissance. Le siège l'ait partie des Archives nationales ; il est d'une rare élégance.

Fig. 3037. Pied de table, époque Henri II.

Fig. 3038. Pied de crédence, époque Henri II.

Fig. 3039. Pied de crédence, époque Louis XIII.

pied de table, style Louis XIVFig. 3040. Pied de fauteuil, époque Louis XIII ; la traverse et l'entrejambe sont d'une opulente ornementation.

Fig. 3041. Pied de console, style Louis XIV. La forme en est très caractéristique, ainsi que celle de l'entrejambe ; ce sont les formes de la belle période du XVIIe siècle. On peut en dire autant de la figure 3042. Pied de console, style Louis XIV. Les entrejambes reliant les quatre pieds sont posées diagonalement dans le rectangle formé par les pieds ; elles se relient par un piédouche orné, à pans, et couronné d'une rosace saillante avec graine formant culot central.

Boulle est le pied d'un meuble d'appui, style Louis XIVLa figure 3043, d'après Berain, représente le pied d'une console style Louis XIV ; on remarquera que, bien que la forme soit autre, le principe du galbe renflé reste toujours maintenu.

La figure 3044, pied de table, style Louis XIV, vient encore à l'appui de ce qui a été dit au sujet des pieds en forme de balustres ; les entrejambes sont toujours disposées en croisillon, comme pour les figures ci-dessus ; leur forme ne s'éloigne pas beaucoup de celles des figures 3042, 3043.

Boulle apporte peu de modifications aux formes adoptées ; il donna pourtant aux pieds plus de régularité, soit qu'il les fit rectangulaires ou ronds ; cela était plus commode pour le travail de marqueterie qu'il avait à y mettre.

Pied époque régenceLa figure 3045, montre un pied de support, époque de Louis XIV, couvert de marqueterie.

La figure 3046 exécutée d'après un croquis de Boulle est le pied d'un meuble d'appui, style Louis XIV. La griffe, surmontée d'une feuille d'acanthe, est encore très caractéristique de cette époque.

Avec la figure 3047, commence l'époque de la Régence ; le pied est galbé, mais le galbe n'a pas encore la silhouette renflée qu'il prendra plus tard ; la griffe surmontée de la feuille d'acanthe se voit encore. Le bureau dont la figure 3047 reproduit le pied est de Cressent, ébéniste du Régent.

Pied de console, époque de Louis XV  et pied de fauteuil, XVIIIe siècleDe la même époque, et procédant des mêmes principes de composition, est la figure 3048, reproduisant un pied d'âtre à l'hôtel de Soubise à Paris.

Fig. 3050. L'ornementation devient plus fantaisiste ; le galbe du pied s'accentue ; la coquille se mêle à l'ornementation. Pied de console, époque de Louis XV.

Nous sommes en plein style Louis XV avec la figure 3049, représentant un pied de tabouret ; le pied est galbé ; l'ornementation a encore quelque régularité.

Le style Louis XVI, comme il a été établi, s'efforça de mettre, dans l'ornementation, autant de pureté que le siècle précédent avait mis de fantaisie, autant de simplicité dans la ligne que le style Louis XV y avait apporté de mouvement.

Pied d'armoire, pieds, style Louis XVILa figure 3051, pied de fauteuil, XVIIIe siècle, en est une preuve. L'acanthe est plus alanguie, moins nerveuse que sous Louis XIV ; les culots s'allongent et deviennent plus souples ; le tout a moins de force, mais plus de grâce.

Fig. 3052. Pied d'armoire ; même époque.

Les figures 3053, 3054, 3053, 3056 sont dessinées d'après La Londe ; elles sont très caractéristiques pour les formes de pieds, style Louis XVI. On retrouve dans les meubles datant de l'époque du Directoire des formes qui se rapprochent beaucoup de celles de l'époque de Louis XVI. Ce sont les mêmes cannelures, les mêmes rubans tressés autour des pieds, les mêmes couronnes enrubannées, mais avec quelque chose de moins délicat, d'un peu plus, lourd. Fig. 3057.

les pieds en col de cygnePlus tard, sous l'Empire, les pieds en col de cygne, ou bien surmontés d'une tête de chimère et parfois d'un corps de chimère ailée sont très fréquents. Fig. 3058.

Toutes ces ornementations étaient en bronze doré et ciselé sur bois d'acajou ; l'extrémité des pieds se terminait très souvent par une griffe.

Le XIXe siècle n'a pas jusqu'à ces dernières années créé un style qui fût bien différent des précédents ; il faut arriver à l'époque présente pour trouver des formes, dont nous avons donné l'origine (voy. modern'style) différant de ce qui s'était fait jusque-là.

pied de chaiseLa figure 3059, pied de chaise, résume assez bien le heurt de lignes dont ce style s'est fait un programme.

Enfin, pour les meubles et sièges courants, l'ébénisterie a souvent recours aux maisons spéciales qui, par leur installation, arrivent à pouvoir fournir à des conditions de prix inférieures à celles que donne la main-d'œuvre. Il suffit d'indiquer ici quelques-uns de ces modèles avec leurs prix :

Fig. 3060. Pieds de tables ordinaires à boule ou à bague.

Pieds de tables ordinaires à boule ou à bague

Fig. 3061. Pieds de table Henri II, bois naturel.

Pieds de table Henri II, bois naturel.

Fig. 3062. Pieds à pans et cannelures.

Pieds à pans et cannelures

Fig. 3063. Pieds de table Louis XVI, bois naturel.

Pieds de table Louis XVI, bois naturel

Fig. 3064. Pieds Louis XV, tête de 55 millimètres.

Fig. 3065. Pieds noyer sculptés Louis XV (la pièce).

Pieds noyer sculptés Louis XV

Fig. 3065A. Pieds de lits, noyer massif, chantournés (la garniture).

Pieds de lits, noyer massif, chantournés

Mise à jour 2019-01-04


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Dictionnaire pratique de menuiserie ébénisterie charpente - Justin Storck Nouveau dictionnaire pratique du bois de menuiserie ébénisterie charpente Georges Cartannaz