Lit

subs. masc.

Lit de milieu gothique et à baldaquinI. Constr. Faces horizontales ou obliques, suivant lesquelles les bancs de pierres sont disposés dans les carrières. Les pierres ont deux lits : celui du dessous et celui du dessus ; dans les constructions elles sont, le plus souvent, posées suivant leur lit de carrière ; celles qui sont posées en présentant les lits en parement ou dans les points verticaux sont dites posées en délit.

II. On donne aussi le nom de lit à une couche de matériaux étendue, comme un lit de sable, un lit de mortier, etc.

III. On donne le nom de lit au plancher d'un pont en charpente composé de poutrelles, traverses et couchis.

IV. Ébén. Meuble en bois et quelquefois en fer destiné à supporter et à disposer les divers objets sur lesquels on se repose.

Les lits en bois sont faits par les menuisiers et les ébénistes, surtout par ces derniers, avec des bois indigènes ou exotiques, tels que le chêne, le noyer, le cerisier, l'acajou, le palissandre, etc. Ils sont exécutés soit en bois massif, soit en placage, et sont susceptibles de toutes les décorations ; ils forment donc une variété considérable de modèles depuis les plus simples jusqu'aux plus luxueux, dont les appellations sont nombreuses.

Nous nous bornerons à donner ici les plus générales, les plus courantes, comme aussi à faire figurer, dans des styles différents, les types les plus répandus, ceux d'après lesquels ont été créées les nombreuses variétés qui existent.

Assemblage de lit avec vis et écrouEn général, les lits se composent de deux dossiers en lambris, dont l'un forme la tête et l'autre le pied ; celui-ci, dans les lits de milieu, est toujours moins haut que le dossier de tête. Les deux dossiers, qui s'assemblent dans les pieds ou montants de tête et de pied sont réunis entre eux par deux traverses ou bateaux (voy. ce mot) qui sont assemblées dans les dossiers avec des vis à écrous. Fig. 2014, Quelquefois un adouci réunit le pied au bateau ; il prend le nom de coin. Un fond barré ou sanglé, posé sur des taquets assemblés dans les dossiers et les bateaux, supporte la literie.

Des galets, posés sous les pieds ou montants des dossiers, servent à rouler le lit pour le changer de place.

Pour faciliter le roulement des lits, on les place sur des coulisses fixées sur le sol. (Voy. coulisse.) Ces coulisses sont en bois ou en fer à U.

Lit simple cadre, double cadre et à pans coupésLa construction des lits, quelle que soit l'importance du meuble, est sensiblement la même pour tous ; les lits simples sont établis dans les mêmes conditions et selon les mêmes règles que les lits les plus ornés. Ce n'est donc que la forme donnée aux montants ou aux dossiers qui varie et a motivé des désignations différentes, comme aussi la position que le lit occupe dans la pièce et aussi certains détails qui précisent la dénomination des lits.

Le bateau du lit, par sa décoration à simple cadre ou à double cadre, sert également à définir les lits en précisant leur forme.

Un lit est à simple cadre quand les montants sont ornés d'un cadre, sans qu'il y en ait un dans leur soubassement. Fig. 2015.

Lit à chanfrein et lit cintréUn lit est à double cadre, lorsqu'il y a encadrement dans les deux parties du montant. Fig. 2016.

Lit à pans coupés, celui dont les pieds ne sont pas à angles droits, mais bien de forme polygonale. Fig. 2017.

Lit à chanfrein, celui dont les pieds ont les arêtes abattues. Fig. 2018.

Un lit est cintré quand le bord supérieur des dossiers a une forme découpée en cintre. Fig. 2019.

Lit à chapeau, celui dont la tête du pied a la forme A indiquée par la figure 2020.

Lit à chapeau, à tête de gendarme, à tête massive , à modillon et à voluteLit à tête de gendarme, celui dont l'extrémité du pied se termine selon la forme B, donnée par la figure 2021.

Lit à tête massive, quand la tête du pied se termine comme la figure 2022.

Lit à modillons, quand, sous la traverse supérieure de ses dossiers et surtout du dossier de tête, il y a un motif d'ornement, sorte de console renversée, indiqué par la figure 2023.

Lit à volute, celui dont le dossier cintré est surmonté d'une traverse moulurée, également cintrée, se terminant en volute. Fig. 2024.

Lit à deux faces ou lit d'angle et lit à trois facesLit à deux faces ou lit d'angle, celui qui, destiné à être placé dans l'angle d'une pièce, n'a qu'un bateau et un dossier ornés. Fig. 2025.

Lit à trois faces, celui dont le dossier de tête est placé contre un mur, mais non à l'angle de la pièce, et qui a deux bateaux ornés ; l'extérieur du petit dossier ou dossier de pied est également orné et il y a des coins sur les deux faces du lit. Fig. 2026.

Lit de bout ou lit de milieu est celui que sa décoration permet de placer au milieu d'une pièce la tête contre le mur. Ce lit a son dossier de pied plus bas que le dossier de tête ; la partie haute et intérieure du dossier de tête et l'extérieur du dossier de pied peuvent être ornés et les deux bateaux sont décorés ; ce qui revient à dire que, seule, la face du dossier appuyée contre le mur est privée de décoration.

Fig. 2027. Lit de milieu, Louis XV, d'après Tessier.

Lit de milieu de style Louis XV

Lit à rouleau, celui dont la tête des dossiers se termine par un rouleau ou pièce de bois tournée en cylindre. Fig. 2028.

Lit à rouleau et lit à double cadre à trèfleLit double cadre à trèfle, celui dont les pieds ont deux parties encadrées, A et B, et dont les dossiers sont terminés par un cylindre trilobé, dont la coupe donnerait la forme d'un trèfle. Fig. 2029.

 

Lit cintré, simple cadre à chanfreins, celui dont les dossiers se terminent par une traverse cintrée dont les pieds n'ont qu'une seule partie encadrée, le soubassement étant sans cadre ; dont les pieds ont les arêtes abattues. Fig. 2030.

Lits cintrésLit cintré, double cadre, tête de gendarme, celui dont les dossiers se terminent par une traverse cintrée ; dont les pieds ont deux parties encadrées : le montant et le soubassement ; celui dont l'extrémité des montants est terminée comme notre figure 2021. Fig. 2031.

Lit cintré, à fronton, chutes et modillons ; celui dont les dossiers, terminés en forme de cintre, sont surmontés, au milieu, d'un motif décoratif et ont sous la traverse, à l'intérieur, des ornements rappelant ceux de la figure 2023 ; ces lits ont, sur les pans coupés des pieds, des chutes de fleurs ou de fruits.

Lit Marie AntoinetteLit Marie-Antoinette à tréteau, se fait aussi sans fronton, et le plus souvent en pitchpin. Fig. 2032.

Enfin les lits sont non seulement désignés par tel détail spécial de forme d'une de leurs parties qui précise la dénomination, mais encore par la position qu'ils sont destinés à occuper dans la pièce.

L'indication du style s'ajoute aux désignations précédentes.

Les figures ci-après donnent les formes principales de lits de différents styles. On comprend que la variété en soit nombreuse et qu'il suffit de montrer les classifications essentielles.

Fig. 2033. Lit de milieu, gothique à baldaquin. Dans ces lits, le dossier de tête est toujours très élevé et se termine en un baldaquin auquel peuvent être accrochés des rideaux.

Lit de milieu gothique et à baldaquin

Fig. 2034. Lit de milieu Renaissance à baldaquin. L'ordonnancement de ces sortes de lits est le même que celui de la figure précédente. Des tentures peuvent être accrochées au baldaquin.

Lit de milieu renaissance à baldaquin

Fig. 2035. Lit de milieu Henri II à colonnes. Ces colonnes sont le prolongement des pieds ; elles supportent un baldaquin qui peut être fait d'un bandeau d'étoffe rigide plus ou moins ornée, auquel on accroche les tentures.

Lit Henri II à colonnes

Fig. 2036. Lit à trois faces Louis XIV, d'après Tessier. Le dossier et les bateaux sont galbés. Cette forme est également celle adoptée pour le Louis XV.

Lit à trois faces Louis XIV

Fig. 2037. Lit à trois faces Louis XVI, exécuté par M. Vincent, d'après un dessin de Tessier.

La copie des meubles et sièges anciens étant très appréciée et souvent demandée, nous donnons ci-après un certain nombre de lits dont les formes et les dénominations remontent au siècle dernier.

Ces appropriations des modèles d'une époque ancienne à la décoration de nos habitations modernes doivent être faites avec un soin tout particulier et en gardant aussi fidèlement que possible l'ensemble et les détails des modèles que l'on se propose de reproduire, non pas seulement au point de vue de la forme et du dessin, mais aussi dans les procédés d'exécution, dans le genre selon lequel la sculpture était traitée, dans la façon dont les bois étaient travaillés, mis en œuvre et assemblés. Chaque époque pour la menuiserie et pour l'ébénisterie a eu son genre, sa méthode, et c'est une étude constante, très serrée qui, seule, pourra aboutir à une reproduction fidèle.

Cette recherche est très intense de nos jours et les bois des meubles anciens sont fort appréciés. Dans presque tous les cas, ces bois sont retrouvés couverts d'une couche et souvent de plusieurs couches successives de peinture. Il suffit de faire disparaître, par les procédés connus de tous les ébénistes, ces couches de peinture pour retrouver le travail du premier artiste. Le choix des étoffes destinées à remplacer les étoffes anciennes demande également un très grand soin. De ce côté-là également, les copies sont nombreuses, presque toujours faites fidèlement. En adaptant une étoffe bien choisie, bien de l'époque, sur un bois authentique ou copié avec attention, on obtiendra des sièges ou des meubles d'une parfaite originalité.

Nous n'avons pas à indiquer ici les moyens dont se servent les ébénistes pour donner à ces reproductions l'apparence de l'authenticité ; qu'il nous suffise de dire que l'on a poussé très loin ce fini dans l'imitation, et que les résultats que l'on obtient réussissent parfois à tromper l'œil le plus exercé.

Les reproductions que nous donnons sont faites d'après des dessins et des gravures du XVIIIe siècle ; elles peuvent servir à l'établissement de lits ou sièges de repos différents des formes courantes. Les pièces détachées qui accompagnent les premiers ensembles en faciliteront l'exécution.

Fig. 2038. Lit de repos, époque de transition entre le Louis XV et le Louis XVI.

Les pièces détachées portaient les désignations suivantes :

AA, les pieds ; BB, dossier du chevet ;

C, la traverse du bois du chevet ;

D, la traverse du bois du pied ;

EE, les traverses latérales ;

FF, les barres ; GG, la barre de long ;

2, 3, 4, 5, 6, Pieds ; AA, les mortaises ;

7, Oreillons du chevet ; AA, les mortaises ;

8, 9, Traverses latérales ; AA, les tenons ;

10, Traverse du pied ; AA, les tenons ;

11, Dosier du chevet ; AA, les tenons ;

12, 13, 14, 15, 16, Barres ; AA, les entailles ; BB, les pattes ;

17, Barre de long : AA, les entailles ;

18, Le dossier, tracé pour être débité ;

19, Le même dossier débité sur son épaisseur ;

20, Traverse du bois tracée, prête à être débitée

21, La même traverse débitée ;

22, La même traverse avec ses tenons ; AA, les tenons.

23, La même traverse sculptée.

Lit de repos époque transition

Fig. 2039. Lit à la française style Louis XV, dont les pièces détachées sont les suivantes :

1, Châssis d'impériale ; AA, les traverses ; BB, les longueresses ;

2, Encoignure de chevet ; AA, les tenons ; B, la volute;

3, Encoignure du pied ; AA, les tenons ;

4, Chevilles ;

5, Traverse du châssis ; AA, les tenons ;

6, Longueresse ;

7, 8, 9, Pieds vus de plusieurs faces ;

10, Lit à la française ; AA, les pieds du chevet ; B, la traverse de chevet ; CC, les pieds du bois ; D, la traverse du pied ; EE, les pieds de milieu ; FF, les traverses du bois; GG, les longueresses ; HH, les barres ; I, la barre du milieu ;

11, Pied tracé pour être débité ;

12, Le même, débité d'un côté ; A, le tenon ;

13, Le même, vu de l'autre côté ; A, le tenon ;

14, Le même, fini ; A, le tenon ;

15, Traverse du bois ;

16, Traverse du dossier du chevet; AA les tenons ;

17,18, Longueresses chantournées ; AA, les tenons ;

19, Traverse du pied ; AA, les volutes ;

20,21, 22, Barres de lit, AAA, les entailles;

23, Cintre dessiné pour être débité ;

24, Cintre chantourné ;

25, le même, ébauché ;

26, le même, fini.

Lit à la francaise de style Louis XV

Fig. 2040. Lit à la polonaise, style Louis XV. Ce lit, comme les précédents, pouvait être surmonté d'un châssis, indépendant du lit, après lequel on fixait des tentures.

Lit à la polonaise de style Louis XVLa construction en était semblable à; ceux des figures 2038 et 2039.

Fig. 2041. Lit à l'italienne, style Louis XVI ; au-dessus du lit est figuré le châssis dont la forme est intéressante. On remarquera que ce lit était sans dossier de pied.

Les lits, au XVIIIe siècle, adoptèrent également pour leur désignation celles des tentures qu'ils supportaient, ou plutôt la désignation conventionnelle donnée à certaines formes de tentures ; il suffira d'en indiquer quelques-unes dont les types sont variés et ne sont pas sans originalité.

Lit à l'italienne de style Louis XVICes modèles sont plus particulièrement du domaine du tapissier, à cause des tentures qui jouent le plus grand rôle dans leur établissement. Mais ces tentures sont posées sur des carcasses de bois destinées à les supporter et c'est la disposition de ces carcasses qui intéressera l'ébéniste.

L'étude que nous faisons du lit serait du reste incomplète si nous ne faisions pas figurer ces modèles à la suite des types différents que nous avons reproduits de l'ébénisterie moderne.

Le lit, à toutes époques, a joué un très grand rôle dans l'ameublement et dans la décoration des chambres à coucher. Depuis le lit d'apparat qui garnissait les chambres à coucher des édifices royaux et qui était, pour ainsi dire, le lit officiel, celui où les souverains donnaient leurs premières audiences, jusqu'au lit ordinaire qui garnit nos pièces modernes, ce meuble a toujours été le sujet d'études et de recherches devant aboutir à lui donner la forme la plus Lit à la polonaiseagréable, la plus séduisante. Les dossiers, comme les bateaux, aussi bien que les pieds ont varié de forme, de silhouette, ont passé successivement des galbes raides et rectangulaires aux contours les plus variés et les plus aimables. On peut dire que l'ébénisterie moderne, en se servant des modèles du passé, a créé des types d'une réelle perfection dont les formes, étudiées avec le plus grand soin, sont absolument charmantes.

Les quelques modèles que nous en donnons aideront à cette étude. Quelques-uns sont raides, d'aspect un peu froid et lourd, mais ils servent à mieux faire comprendre les transitions multiples par lesquelles a passé le lit avant d'arriver à la création du type généralement adopté de nos jours.

Fig. 2042. Lit à la polonaise.

Fig. 2043. Lit à la turque.

Lit à la turque

Fig. 2044. Lit à colonne.

Lit à colonnes

Fig. 2045. Lit à la duchesse.

Lit à la duchesse

Fig. 2046. Lit à la romaine.

Lit à la romaine

Fig. 2047. Lit à double tombeau.

Lit à double tombeau

Fig. 2048. Lit à tombeau simple.

Lit à tombeau simple

Fig. 2049. Lit de repos qui a évidemment donné naissance à la chaise longue actuelle. (Voy. ce mot.)

Lit de repos

Enfin, les lits, comme tous autres sièges, peuvent être faits en bois recouvert : la figure 2050 donne la disposition du lit ordinaire de ce genre.

Bois de lit ordinaire

Mise à jour 2019-01-04


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Dictionnaire pratique de menuiserie ébénisterie charpente - Justin Storck Nouveau dictionnaire pratique du bois de menuiserie ébénisterie charpente Georges Cartannaz