subs. fém.
Le nom de porte est donné aussi bien à l'ouverture, à la baie, qu'à la cloison, à l'huis mobile destiné à clore l'ouverture et empêcher l'entrée.
La porte est donc :
1° une ouverture pratiquée au niveau du sol dans un mur, un pan de bois, un pan de fer, une enceinte, une cloison pour permettre le passage d'un endroit à un autre. Elle se compose d'un linteau droit, biaisé ou cintré, cintré surbaissé, anse de panier, qui forme la partie supérieure de l'ouverture et en détermine la hauteur ; d'un seuil placé à la partie inférieure, de deux jambages ou piédroits qui fixent la largeur de l'ouverture (voy. ces mots) ; c'est dans ces deux jambages que se trouve la feuillure destinée à recevoir la fermeture mobile devant clore l'ouverture ; c'est sur ces deux jambages que sont fixées les ferrures de la fermeture telles que : gâches, paumelles, gonds, etc.
Le linteau, dans les temples égyptiens et grecs, est généralement horizontal.
Fig. 3276. Linteau d'un temple egyptien. Dans le style roman, il est horizontal ou plein cintre.
Fig. 3277. Linteau à la cathédrale d'Angoulème, XIe siècle. Il est en lancette, en accolade, en anse de panier avec le style ogival.
Fig. 3278. Linteau au château de Meillant XVe siècle.
Fig. 3279. Porte au palais de justice de Beauvais XVIe siècle.
Il redevient horizontal, plein cintre et anse de panier avec la Renaissance.
Fig. 3280. Porte à l'hôtel de Voguë à Dijon, XVIIe siècle.
2° Une fermeture mobile destinée à clore l'ouverture. Cette fermeture mobile est en général un assemblage de menuiserie ; elle est placée ou dans l'intérieur du bâtiment dont elle met en communication les pièces entre elles ; ou extérieurement pour servir de communication de l'extérieur à l'intérieur. Quand la porte, à un au deux vantaux, vient à mettre en communication deux pièces entre elles ou une pièce avec un vestibule ou un couloir, elle prend le nom de porte ou de porte d'entrée ; quand elle est destinée au passage des voitures, elle prend le nom de portail ou de porte cochère (voy. portail, cochère).
Selon leurs formes ou leur position les portes reçoivent des appellations différentes : porte droite, biaise ou ébrasée, suivant que les ébrasements sont droits, inclinés dans le même sens, ou en regard.
Les portes en tour ronde et en tour creuse sont celles qui sont pratiquées sur des murs circulaires, soit sur la partie convexe soit sur la partie concave.
Porte sur le coin, celle qui est dans un pan coupé se terminant par une trompe qui soutient l'angle saillant d'une construction.
Les murs de ces portes peuvent en outre être construits en talus.
Nous empruntons à l'étude faite par M. Guillemin sur les portes les détails qui suivent :
Le mouvement de l'huis s'opère par rotation sur un axe, par glissement horizontal, parallèlement à la position préalablement occupée par l'huis et en prolongement de cette position ou, mais plus rarement, par l'ascension sur la descente de l'huis.
Les portes, au point de vue de leur structure sont désignées par les noms suivants : Portes pleines proprement dites, portes clouées sur un bâti, portes d'assemblage qui se divisent en : Portes simplement assemblées à panneaux dans un bâti, celles à bouvement simple (ainsi appelées parce qu'elles ne portent sur les pièces de leurs bâtis d'autre mouluration que celle obtenue par le bouvet), celles à petits cadres, celles à grands cadres, celles à panneaux saillants, etc. ; il y a encore les portes vitrées, les portes sous tenture, les portes à claire-voie. Quelques unes de ces portes participent à la fois de plusieurs de ces systèmes. Les portes, par rapport à la situation, sont ainsi désignées :
Portes extérieures : portes d'entrées, portes d'allées (à un seul vantail), portes bâtardes, portes cochères, portes charretières, portes d'écuries, de remises, de cours, de jardins, etc.
Portes intérieures : portes d'appartements, d'armoires, dérobées, de caves, de greniers, etc.
On appelle porte à un seul parement celle dont une seule face est destinée à être vue ou travaillée au point de vue décoratif alors que l'autre face, appelée double parement, demeure brute, arrasée ou à glace, c'est-à-dire que ses panneaux et son bâti sont corroyés mais sans moulure ni chanfrein.
On appelle porte à deux parements celle dont les deux faces sont faites pour être vues ou sont garnies des mêmes moulures et sculptures.
On ajoute aux appellations ci-dessus le nom de l'essence du bois dont est faite la porte : porte en chêne, porte en sapin, etc.
Toutes ces indications servent à désigner exactement la porte dont on s'occupe.
Il convient, dans l'exécution des panneaux portes en bois, de ne pas sortir des dimensions des planches de chêne, 0m,20 à 0m,25, de sapin 0m,18 à 0m,23 ; cela pour éviter les fentes qui se produisent par la dessiccation du bois et empêcher que le bois ne se torde, se gondole, ou se coffine.
Portes pleines ; ce sont les plus simples de toutes, mais non pas les plus résistantes, à moins qu'elles ne soient renforcées par des saillies. Ces portes sont entièrement planes sur les deux faces. Fig. 3281.
Elles consistent en une série de planches P ou de frises F assemblées les unes aux autres soit à rainures et languettes A soit collées champ contre champ, soit par des clefs K engagées dans l'épaisseur des frises ou K' dans la face postérieure de l'ouvrage, sens longitudinal. Dans le sens transversal, l'assemblage se fait par l'introduction d'une languette continue L pratiquée sur les abouts des planches ou frises, dans une rainure creusée dans une traverse C qui s'appelle emboîture. On met une emboîture de chaque côté de la porte, haut et bas. Pour donner plus de solidité à l'ouvrage on ménage au bout de certaines des planches ou frises, particulièrement sur celles de rives, des tenons D qui entrent dans des mortaises ménagées dans des emboitures et en les y chevillant (1).
(1) Dans la figure 3281 nous avons interrompu la languette, pour la remplacer par un tenon D. Le tenon E est appelé tenon passant.
On fait aussi certaines portes pleines (fig. 3281), qui jouissent du plus grand jeu possible, si on a le soin de faire les joints plats et de faire passer, au travers de toutes les frises, des clefs continues dont le profil est rectangulaire Q ou en forme de queue d'hironde, Q'.
Si la porte pleine est à deux parements, les traverses ou clefs continues doivent être noyées dans l'épaisseur du bois. Si, au contraire, la porte n'est qu'à un parement, on fait tailler les clefs continues sous le double parement, et on leur donne pour profil la forme de la queue d'hironde Q ; disposition qui, par les nervures qui en résultent, augmente la solidité de la porte. On fait aussi des portes en clouant des planches sur des bâtis ou des traverses.
Les portes à bâtis (fig. 3282) peuvent être rangées parmi les portes pleines. Leur bâti est rainé sur trois bords, c'est-à-dire que les bords des deux battants de rive AA, et celui de la traverse supérieure B sont rainés, tandis que la traverse basse C et toutes les autres traverses CCE n'ont pour épaisseur que l'excédent d'épaisseur du bâti sur le revêtement. Dans les rainures du bâti on enlève les languettes que le revêtement porte sur trois de ses faces AABC, et on cloue le revêtement sur les autres traverses CCE. On remplace quelquefois ces traverses par les clefs continues E, en forme d'hironde, pour augmenter la raideur de la porte.
La figure 3283 est également une porte pleine à deux parements. Elle consiste en un cadre dans les doubles rainures duquel sont embrevées deux portes pleines appliquées dos à dos, et dont les frises se contrarient. Les sections AB,CD montrent qu'il y a double embrèvement. Si les frises sont verticales d'un côté, elles sont horizontales de l'autre ; si elles sont inclinées de droite à gauche sur une face, elles sont de gauche à droite sur l'autre face, si les frises d'un côté forment des cloisons, la pointe en haut, celles de l'autre face présentent les chevrons la pointe en bas. Ces portes sont très solides et ne se voilent pas, bien exécutées.
Il convient de citer également la porte à imposte.
Le bâti (voy. ce mot) est la carcasse sur laquelle est cloué le revêtement de certaines portes ou bien dans laquelle les panneaux de certaines autres portes sont embrevés.
Les éléments du bâti sont assemblés les uns aux autres à tenons et mortaises, à queues d'hironde ou d'autres façons ; les bâtis se composent de montants et traverses. Les montants qui bordent la porte, qui s'appliquent contre le chambranle ou dans la feuillure de l'ébrasement, se nomment battants de rive AA (fig. 3284) ; ceux du milieu, qui battent l'un sur l'autre dans les portes à deux vantaux, s'appellent battants meneaux BB (fig. 3284). La traverse haute G est celle qui couronne le vantail ; la traverse basse D se trouve sur le sol ou au-dessus du sol, à la hauteur d'une plinthe ; à une hauteur variant de 0m,85 à 1m,15 au-dessus du sol, on établit une traverse intermédiaire E ; d'autres traverses intermédiaires F sont parfois nécessaires, soit pour la solidité de la porte, soit pour les besoins de son ornementation. Lorsque l'on veut distribuer un vantail ou plusieurs panneaux sur la largeur, on assemble des montants accessoires G dans les traverses. Outre cela, on ajoute des pièces inclinées écharpes H, croix de Saint-André I aux bâtis que l'on veut renforcer, surtout lorsque les portes ont un certain poids, comme les portes cochères, les portes d'entrée, etc.; ces pièces ont pour but de raidir l'huis contre les déformations et l'empêcher de donner du nez.
La figure 3284 donne, à gauche, la coupe verticale et l'élévation postérieure d'un vantail d'une porte pleine clouée sur un bâti ; et, à droite, la coupe verticale et l'élévation postérieure d'un vantail d'une porte d'assemblage.
Portes d'assemblage ou portes à panneaux. Un vantail de porte fait d'assemblage se compose ordinairement de deux battants et de deux ou plusieurs traverses, suivant la disposition que l'on veut donner aux panneaux, que l'on peut diviser en largeur par des montants intermédiaires. Les panneaux plus larges que hauts prennent le nom de frise.
Les deux traverses de frise se placent ordinairement à hauteur d'appui ; celle qui est nécessitée par la serrure ayant un de ses assemblages affaibli ; la deuxième assure la solidité de la porte.
Fig. 3285. Porte à trois panneaux de hauteur, dont les différentes pièces sont disposées comme suit :
A, Battants de rive ;
B, Encadrement ;
C, Traverse haute ;
D, Traverse basse ;
E, Traverses intermédiaires ;
F, Panneau haut ;
G, Panneau bas ;
H, Chambranle ;
I, Cymaise ;
J, Lambris ;
K, Plinthe ;
L, Socle ;
M, Frise;
N, Dessus de porte.
Les portes d'assemblage peuvent être arasées avec deux parements. Fig. 3286.
A glace avec deux parements. Fig. 3287.
A petit cadre aux deux parements. Fig. 3288.
A grand cadre aux deux parements. Fig. 3289.
Le cadre A est embrevé avec le battant B, qui porte deux languettes bâtardes s'assemblant dans deux rainures pratiquées symétriquement dans le cadre A, qui est rainé pour recevoir le panneau C. On appelle mollet la partie D du panneau qui s'assemble dans les rainures des cadres.
A grand cadre aux deux parements, avec moulures de largeurs inégales. Fig. 3290.
Les moulures du cadre peuvent être en un morceau élégi ou en deux.
A grand cadre d'un côté et à petit cadre de l'autre (fig. 3291) ; ce système de décoration est très employé en menuiserie. Le cadre A reçoit une feuillure d'une largeur égale à la profondeur de l'embrèvement et la moulure en contre-parement est égale à la largeur du champ du cadre restant après enlèvement de la feuillure, ce qui permet de dissimuler dans le bâti le joint de l'assemblage.
Chacune de ces façons peut se combiner avec une autre. Une porte peut être arasée sur un parement et arasée au deuxième ou à grand cadre et arasé. Fig. 3292.
Dans les menuiseries à grand cadre d'un côté et à petit cadre de l'autre, la mouluration du petit cadre peut être prise sur le cadre qui, alors, vient affleurer les bâtis.
Les portes d'assemblage sont celles qui sont faites, d'un bâti dans lequel sont embrevés des panneaux. Cet embrèvement se fait, soit directement, soit par l'intermédiaire de cadres dans lesquels sont embrevés les panneaux qui sont, eux-mêmes, embrevés dans le bâti.
Les portes d'assemblage à embrèvement direct sont les meilleures et les plus économiques; ce sont celles qui ont été le plus longtemps en usage ; elles sont aussi les plus résistantes, chaque panneau étant fait d'une seule planche.
Les portes d'assemblage, à deux vantaux, se font généralement sur 1m,20 de largeur, sur 2m,25 de hauteur, sur 1m,00 ou 0m,80 de largeur quand elles ne sont qu'à un vantail.
Les triangles ABC, A'B'C', A"B"C" (fig. 3293) donnent la distribution des compartiments.
Le sommet B du triangle isocèle ABC donne le dessous de la traverse d'appui E. Le dessus de la traverse haute, qui est au niveau E' où s'arrêtent les vantaux, est donné par le sommet du triangle supérieur A"B"C". La traverse F est donnée par le triangle rectangle IJK, générateur du panneau II'KK', qui est couché sur son hypoténuse IK et donné un des côtés IJ est exactement le double de l'autre côté JK. La rencontre d'un côté AB du triangle bas ABC avec le bord intérieur d'un battant de rive G donne en D le dessus de la traverse basse, si cette traverse basse est à terre et donne le dessous d'une traverse analogue H si cette traverse est relevée d'une hauteur de plinthe. Dans ce cas, l'oblique LN, parallèle à AB, donne le rectangle LMNO qui contient les deux panneaux d'appui constituant le bas de la porte. Les montants intermédiaires partagent en deux panneaux égaux les espaces compris entre les battants de rive et les battants meneaux. Les hauteurs des traverses sont donc déterminées par des obliques qui coupent obliquement les battants meneaux.
Les triangles ABC, A'B'C', A"B"C" sont des triangles dont la hauteur est formée de 5 parties de la base, celle-ci étant divisée en 8 parties.
Dans quelques cas on laisse la partie haute des portes vitrées, soit en grands ou petits carreaux ; quelquefois un des parements figure une porte vitrée au moyen de glaces étamées, le deuxième parement figurant une porte à panneaux, les glaces des parties vitrées sont maintenues par des parcloses. (Voy. glace et parclose.)
Ce genre de porte nécessite aussi des parties flottées.
Fig. 3294. Coupe de largeur d'un vantail de porte figurant une porte vitrée sur une face et à panneaux sur l'autre.
Les parcloses et les petits bois sont assemblés.
Ces portes répètent le plus souvent les croisées en face desquelles elles se trouvent placées.
Pour les portes extérieures à un ou plusieurs vantaux, une feuillure peut être ménagée sur les jambages et la partie haute, pour recevoir directement la clôture ou porte qui parfois est ferrée sur un bâti, scellé dans la feuillure.
Les portes intérieures sont généralement ajustées dans des bâtis scellés dans les murs de la baie, ou dans des huisseries formant l'épaisseur des cloisons : des chambranles ou des pilastres supportant des dessus de portes ou attiques ornent la baie et servent d'encadrement à la porte proprement dite. (Voy. bati, huisserie et chambranle.)
Indépendamment de la forme cintrée en élévation ou rectangulaire, les portes sont parfois, mais rarement, cintrées en plan.
Les portes extérieures ou portes d'entrée, suivant leur usage, prennent le nom de porte cochère, de porte batarde ou de porte charretière. (Voy. ces mots.)
Les portes batardes, qui n'ont qu'un vantail, doivent avoir assez de largeur pour faciliter l'entrée des gros meubles.
D'après leur construction, les portes prennent en menuiserie des noms différents, qui, du reste, sont semblables à ceux donnés aux lambris. Elles sont presque toujours à deux parements, c'est-à-dire travaillées des deux côtés ; un des parements pouvant être plus richement décoré que le deuxième. Les deux parements peuvent être décorés richement, mais d'une façon et d'un style différent ; ces portes prennent, le nom de portes flottées. (Voy. flottage.)
Dans ces portes, en outre des moulures qui sont différentes, les battants ne sont pas toujours de même largeur aux deux parements ; les traverses peuvent ne pas être aux mêmes hauteurs, et il peut s'en trouver de cintrées sur l'une des faces. Cette différence dans la structure du bâti force quelquefois à mettre les traverses et les panneaux en deux épaisseurs, dont l'une pour le premier parement et l'autre pour le deuxième.
Fig. 3295. Élévation des deux parements d'un vantail de porte flottée (A, face intérieure : B, face extérieure).
Fig. 3296. Coupe en largeur à une plus grande échelle.
Fig. 3297. Coupe verticale à hauteur des frises d'appui.
Les coupes de traverses haute et basse, en tenant compte des champs, sont les mêmes que celles de largeur.
Portes à petits cadres. Les profils à petit cadre sont ceux qui sont pris dans le même bois que le champ auquel ils affleurent ; ils ont, ordinairement, depuis 0m,034 jusqu'à 0m,044 et 0m,034 de largeur, et sont composés d'une gorge à un ou deux carrés, d'un boudin ou d'une doucine à baguette.
Il est encore une autre sorte de portes à petits cadres dont les profils sont plus riches que ceux dont il vient d'être question, sans toutefois l'être autant que ceux à grand cadre ; ces profils ne peuvent avoir moins de 0m,044 de largeur et demandent des bois un peu plus épais que les autres.
Ces portes s'assemblent à tenons et mortaises dont l'épaisseur doit être le tiers de celle du battant, à condition toutefois qu'il reste, entre le fond de la gorge et l'assemblage, une joue d'environ 0m,005.
Il faut faire passer l'assemblage au travers des battants afin de les rendre plus solides (du moins aux traverses du haut et du bas), et on doit avoir soin de n'épauler les tenons du côté de la moulure que de la moitié de la profondeur de la rainure, afin que si les panneaux et traverses venaient à se retirer, ce qui reste de bois après la rainure cachât le joint.
Les panneaux de ces portes doivent avoir depuis 0m,018 jusqu'à 0m,027 d'épaisseur, en raison de celle des bâtis, et être composés de planches les plus étroites possible afin d'être moins sujettes à se tourmenter. On fera également en sorte que ces planches soient d'une largeur égale chacune à elle-même, c'est-à-dire d'un bout à l'autre ; on les joint à rainures et languettes, lesquelles seront placées au milieu de leur épaisseur ; on aura soin que les languettes portent bien au fond des rainures, afin que lorsque les plates-bandes sont faites, on ne voie pas le jour au travers des joints.
Les rainures des bâtis dans lesquelles entrent les panneaux doivent avoir au moins 0m,013 à 0m,014 de profondeur sur 0m,008 à 0m,010, et les plates-bandes des panneaux auront au moins 0m,025 de largeur d'après les languettes, et il est bon qu'elles soient plus ou moins larges, en rapport avec la largeur de la moulure. La largeur indiquée ci-dessus est la plus généralement adoptée. Quand les profils sont d'une largeur extraordinaire comme dans une porte cochère, on fait les plates-bandes plus larges, mais toujours en rapport avec la largeur des profils (Roubo).
Portes à grands cadres. Elles ne diffèrent de celles à petits cadres que par la richesse et la forme de leurs profils ; l'épaisseur et la largeur des champs étant, eu égard à leurs différentes hauteurs, semblables aux autres.
Les grands cadres sont ceux qui sont ravalés dans l'épaisseur des bâtis, ou embrevés dans ces mêmes bâtis.
Les cadres embrevés s'assemblent de deux manières : d'abord en les coupant d'onglet et en retenant le joint par une sorte de petite clé, appelée pigeon.
Puis en faisant l'assemblage, à tenon et mortaise ou à enfourchement de toute la largeur du cadre. Cette seconde manière est préférable à la première et l'assemblage à enfourchement vaut mieux que le tenon épaulé parce qu'il maintient le cadre dans toute sa largeur.
On n'épaule pas les devants des tenons de cadres ; mais on remplit la rainure, avant de faire le tenon, à la distance de 0m,014 de l'arasement afin de le conserver de toute sa largeur.
Les profils les plus usités pour ces portes sont les boudins, les doucines à baguettes, les gorges droites ou fouillées, les talons, les listels, les congés.
Les profils à plates-bandes s'emploient non seulement à cause de leur richesse, mais aussi pour répondre à l'épaisseur des bois ; car, dans le cas où les bâtis seraient d'une forte épaisseur, on ne pourrait y employer des profils à recouvrements parce qu'ils auraient trop de relief par rapport à leur largeur.
La largeur de ces profils doit être de 0m,054 à 0m,070 et plus, selon les dimensions des portes ; quant à la largeur des frises, elle doit être, comme pour les portes à petits cadres, au plus des deux tiers de la largeur des cadres.
Manière de couper les portes dans les lambris. Les portes font porte d'un côié et lambris ou croisée de l'autre ; ou glace de l'autre.
Celles qui font porte d'un côté et lambris de l'autre se font de deux manières : la première est de faire ces portes arasées d'un côté, d'attacher les lambris dessus avec des vis, de couper ce même lambris à l'ouverture de la porte et d'en faire le joint en pente, afin qu'il soit moins apparent, en observant de remplir les inégalités qui se rencontrent entre la porte et le lambris, à l'endroit des panneaux, par des tringles qui doivent être assemblées dans les battants ou les traverses de lambris quelconque, ce qui doit être fait non seulement au lambris mouvant mais aussi à celui qui reste en place. De plus, ces tringles doivent être attachées derrière le lambris avant que l'on ne fasse la coupe afin que les battants ou les traverses coupés ne puissent s'écarter les uns des autres.
La seconde manière de faire ces portes est de les faire dans le même bois que les lambris, en leur donnant toutefois une épaisseur convenable. Cette manière est préférable à la première, d'abord parce que les portes sont moins lourdes, ensuite, parce qu'elles sont plus solides. Mais ce procédé est plus difficultueux à cause des assemblages des différents compartiments de largeur et de hauteur.
Pour les portes dont le lambris ouvre d'un côté en arrière de la moulure et de l'autre dans le panneau, les traverses s'assemblent sur les battants à tenon et enfourchement, avec cette réserve que du côté du battant épais, il a un double assemblage, qu'il n'y en a qu'un simple du côté du battant mince et que l'enfourchement de la traverse passe à nu sur le battant qui arrase le panneau. Les traverses sont ravalées pour garder la régularité des champs et les panneaux: sont à plates-bandes et arrasés du côté de l'autre battant qui forme un panneau.
Pour la frise, qui est toujours couchée, on la fait passer à recouvrement par-dessus le battant mince ; on tient les traverses du haut plus minces de 0m,014 que les battants, à moins que le panneau ne passe par-dessus.
Les bâtis de ces portes doivent avoir au moins 0m,041 à 0m,045 d'épaisseur après le ravalement des moulures, afin de pouvoir donner assez de force aux assemblages.
La porte dont le lambris est coupé dans le panneau des deux côtés ne diffère en rien de l'autre par la construction, si ce n'est que les assemblages se font des deux côtés.
Lorsqu'il y a des frises aux portes et qu'il n'y en a pas aux lambris (ou bien quand il y en a à tous les deux et qu'elles ne se rencontrent pas), on ravale le panneau à l'endroit de la traverse laquelle s'assemble dans les battants à tenon et mortaise et se nomme traverse flottée.
Quand les portes se trouvent dans ce cas, on rapporte la frise dans la moitié de l'épaisseur du panneau que l'on ravale à cet effet, afin qu'elle soit toujours couchée.
Pour les portes qui sont croisée ou parquet de glace d'un côté et placard de l'autre, on les fait arraser d'un côté, à la réserve des champs et des moulures, lesquels sont en saillie d'après le nu des panneaux et des traverses arrasés. Les traverses et montants des petits bois, ainsi que les montants des glaces, se rapportent avec des vis, afin de pouvoir ôter les glaces quand il en est besoin.
Les portes ordinaires sont ferrées avec des charnières ou des fiches, ou avec des paumelles quand elles ont besoin d'une ferrure plus solide.
Quand elles sont ferrées avec des paumelles ou des charnières, les portes gardent à vives arêtes les feuillures et les dormants ; quand elles sont ferrées avec des fiches, il faut pousser un congé sur les arêtes des feuillures ; ce congé, proportionné à la grosseur du nœud des fiches employées, servira à loger le nœud des fiches.
Portes à chambranles : ce sont des portes d'assemblages accompagnées de deux montants et d'une traverse de même épaisseur qui les encadrent sur trois côtés. Le chambranle reçoit une rainure dans laquelle sont emboîtés les revêtis de bois garnissant la baie fermant cette porte ; c'est sur ce chambranle mouluré et formant encadrement que sont ferrées les portes.
Portes cochères, elles se font le plus généralement en bois de chêne de bonne qualité que l'on laisse apparent; elles sont presque toujours, du moins pour le parement extérieur, à grand cadre. Elles sont souvent terminées par une imposte fixe ou mobile, vitrée et parfois protégée par une décoration métallique.
Les vantaux de la porte cochère s'ouvrent dans toute leur hauteur ; quelquefois cependant, dans la partie supérieure, une partie fixe est ménagée, qui prend le nom d'archivolte (voy. ce mot) quand elle est en anse de panier, en plein cintre, ou en ogive ; cette disposition se présente quand l'étage du porche est élevé.
Dans un des vantaux, généralement celui de droite en regardant la porte, on ménage souvent un portillon ou guichet, ce qui permet le passage des piétons, sans nécessiter l'ouverture de la porte cochère. Ce guichet est dissimulé dans les moulures et cadres.
Roubo, dans son Art de la Menuiserie conseille, comme suit, la construction et la décoration des guichets : On fait des portes à double parement de deux manières : la première est de les faire aussi riches par derrière, ou à peu de chose près, que par devant ; la seconde est de faire affleurer ensemble, par derrière, toutes les parties qui les composent et de pousser, sur l'arête de chacune d'elles, des moulures qui corrompent les joints, en observant toutefois de les faire entrer à plates-bandes les unes sur les autres.
Les panneaux doivent avoir 0m,034 d'épaisseur au moins quand les portes sont arrasées, c'est-à-dire unies par derrière ; ils doivent affleurer les bâtis.
Quand les portes sont à double parement, on y fait des plates-bandes par derrière ; les panneaux entrent dans les cadres à languettes doubles ou simples qui doivent avoir 0m,018 de longueur au moins sur une épaisseur proportionnée à celle des bâtis, les panneaux se joignent à plats-joints avec des clefs que l'on met au nombre de deux ou trois sur la hauteur et entre lesquelles on met des languettes rapportées qui doivent être minces.
Le pourtour est orné de plates-bandes, plus ou moins larges selon la largeur du cadre, c'est-à-dire de 0m,027 jusqu'à 0m,040 et d'une saillie proportionnée à leur largeur.
Lorsque ces panneaux seront taillés d'ornements, on mettra des bois épais permettant de prendre ces ornements dans la masse en ayant soin de ne rapporter que les ornements ayant une épaisseur considérable, lesquels seront alors collés et arrêtés avec des vis.
On mettra les planches qui composent ces panneaux les plus étroites qu'il sera possible, pour qu'ils soient moins sujets à se tourmenter et à se fendre, étant, comme ils sont, exposés au grand air.
Le bas des guichets est ordinairement revêtu d'une table saillante nommée parquet ; ces parquets se font de deux manières :
La première est de les faire de planches unies jointes ensemble à rainures et languettes, lesquelles sont enfermées dans un bâti de 0m,08 à 0m,11 de largeur, lequel est assemblé à bois de fil, pour plus de propreté.
La seconde manière est de les faire d'assemblage, à panneaux arrasés, comme les parquets des appartements.
Cette dernière manière est la plus solide et la plus habituelle, étant moins sujette à déformation.
Les parquets d'assemblage se font de deux manières :
La première arrasée, et l'autre à panneaux saillants ou recouverts, ce qui est la même chose ; cette dernière est très solide, mais n'est bonne que pour les portes ordinaires. On arrondit les arêtes de ces panneaux et quelquefois on y pousse un rond entre deux carrés ; on peut faire saillir ces panneaux en pointes de diamants.
Les parquets arrasés d'assemblage se font de différents compartiments ; mais, en général, on doit plutôt avoir égard à la solidité qu'à la décoration dans le choix de ces compartiments, les formes carrées étant les meilleures, ainsi que les petits panneaux, qui sont moins sujets à se travailler que les grands. Ces différentes sortes de compartiments étant peu nécessaires, ne faisant ces parquets d'assemblages que pour les rendre plus solides, et, de plus, leurs compartiments étant en partie cachés par les bandes de fer que l'on y met pour les préserver du frottement des voitures, et par les couches de couleur dont les portes sont imprimées.
La raison qui a fait préférer les parquets aux cadres et aux panneaux dans le bas des guichets : c'est que, premièrement, ils sont plus solides et qu'étant lisses ils sont moins sujets à recevoir et à conserver l'eau, et par conséquent à se pourrir ; de plus, la plus grande partie des portes n'ayant que 3 mètres à 3m,32 de largeur, elles sont sujettes à être endommagées par les voitures. (Voy. tablier.)
Les portes cochères, dites porches, sont habituellement composées de deux vantaux montant de fond et ouvrant de toute la hauteur de la baie. Si ces portes étaient cintrées on leur mettrait des impostes, au niveau desquelles on pratique des entresols, comme le représente la figure 3298. Lorsqu'il y a des impostes à la baie, on est obligé de faire régner avec elles celle de la porte, du moins pour le dessus ; on supprime alors l'entresol, qui devient très bas à moins que la baie de la porte ne soit d'une largeur considérable ; et, à la place de l'entresol, on garnit le cintre par un panneau de menuiserie dont les champs et les moulures sont en rapport avec ceux de la porte et dans le milieu desquels on peut placer des armes, un bas-relief ou toute autre ornementation.
On doit éviter de feindre les battants montants de fond, ainsi que l'ouverture du milieu, quand il y aura une imposte ; cette ouverture feinte ne doit être permise que s'il n'y a pas d'imposte, ou si le dessous de la porte est voûté en berceau, ou lorsque, pour éviter la trop grande lourdeur des vantaux, on les coupe à la retombée du cintre, ce qui fait qu'elles ne peuvent ouvrir de toute leur hauteur. Dans ces deux cas, on doit feindre l'ouverture de toute la hauteur, mais ne pas mettre d'imposte pour éviter la contrariété entre l'ouverture feinte au-dessus de la porte et l'impossibilité de la faire ouvrir.
Lorsque ces dessus de portes auront une moyenne grandeur, c'est-à-dire 1m.30 à 1m.43 de haut, et que le plafond du dessous de la porte descendra jusqu'au-dessous de l'imposte, on pratiquera dans le milieu du dessus de la porte une petite croisée ronde ou ovale qui donnera de la lumière à l'appartement au-dessus de la porte. Fig. 3298.
Quand le plafond de la porte ira jusqu'au haut du cintre et que, par conséquent, on n'aura pas besoin de jour dans son dessus, on pourra toujours y mettre un rond ou un ovale dont les moulures et les champs régneront avec ceux de la porte, ce qui donnera moins de grandeur au panneau et aussi plus de simplicité à l'ensemble.
Lorsque les dessus de portes sont supérieurs à 1m,45 de hauteur, on peut y faire une croisée dont le haut suit le cintre de l'arcade et au-dessus de laquelle on laisse le moins de champ possible pour lui donner plus de hauteur.
Quand il n'y a pas d'imposte aux arcades, comme dans le cas d'un étage en soubassement, on peut faire descendre l'imposte de menuiserie de 0m,20 à 0m,25 en contre-bas du cintre de l'arcade afin de donner plus de hauteur à l'entresol.
Les espaces entre la croisée et les deux côtés de l'arcade doivent être revêtus en bois et non en plâtre.
Le pourtour des croisées doit être orné d'un chambranle faisant avant-corps sur les deux côtés. Pour plus de simplicité, on peut, à la place du chambranle, ne mettre qu'un bandeau dont l'arête intérieure sera ornée d'une moulure. Lorsque l'on sera limité par la hauteur, on ne mettra pas de traverse à ces bandeaux, du moins en apparence, afin de donner plus de hauteur à la croisée en faisant affleurer la traverse de dormant au nu du cintre de l'arcade.
Le bas de la croisée ne doit jamais tomber sur l'imposte, mais il faut faire régner sur toute la longueur de l'imposte une plinthe qui recevra les chambranles et servira de pièce d'appui à la croisée.
Le dessus de l'imposte doit être de niveau avec le dessus de celles de la baie avec lesquelles on fera régner la moulure de dessous ; le reste étant profilé en plinthe afin de leur donner moins de saillie et par conséquent diminuer moins de la hauteur du dessus de la porte.
On aura soin de donner un peu de talus au-dessus des impostes afin de faciliter l'écoulement des eaux, et on fera entrer les dessus de portes dans les impostes à recouvrements et non à vif, parce que s'ils entraient à vif, l'eau y séjournerait et amènerait la moisissure.
Dans le dessous des impostes on fera une feuillure de 0m,08 de haut, à laquelle on affleurera celles de la baie, et on laissera sur le devant un jour suffisant pour soutenir la coupe des vantaux.
Quand la hauteur des impostes n'est pas déterminée, on leur donne en hauteur le septième environ de la largeur de l'ouverture.
Les vantaux des portes cochères sont, en général, composés chacun : 1° d'un gros bâti à l'extrémité supérieure duquel est, habituellement, un panneau saillant, table d'attente ; 2° de deux guichets, dont l'un est dormant et l'autre mobile.
L'épaisseur des gros bâtis des portes cochères est proportionnée à leur hauteur. Celles de 4 mètres de haut auront des bâtis de 0m,11 d'épaisseur ; celles de 5 mètres les auront de 0m,14 d'épaisseur. Les battants de rive doivent avoir en largeur leur épaisseur pour le recouvrement de la feuillure, plus le champ, qui sera de 12, 14 ou 16 centimètres selon les différentes hauteurs et la moulure de l'angle qui aura 27, 34, 41 millimètres de largeur. Les battants du milieu auront la même largeur de champ et de moulure que les précédents, plus la moitié de leur épaisseur pour les portes qui ouvrent à feuillure et le tiers pour celles qui ouvrent à noix ou doucine.
Les traverses du haut et du milieu doivent avoir la même épaisseur et la même largeur de champ que les battants, plus 54 à 65 millimètres de portée pour les traverses du haut et les embrèvements, les recouvrements et les moulures nécessaires, tant pour les traverses du haut que pour celles du milieu.
Les traverses du bas doivent avoir 13 à 14 centimètres de largeur au moins et 16 centimètres au plus ; leur épaisseur doit être égale à celle des battants, à moins qu'on ne la fasse saillir par-dessus en forme de plinthe.
Les battants qui portent le guichet dormant doivent être rainés sur leur champ et on doit laisser 0m,034 de jour en parement à ceux qui ont 4 centimètres d'épaisseur ; 0m,041 à ceux de 14 centimètres ; 45 millimètres à ceux de 10 millimètres. La largeur des rainures doit être le tiers de ce qui reste d'après la joue ou le tiers de l'épaisseur du guichet.
La traverse au-dessus du guichet doit être rainée de même ; celle du bas ne sera pas rainée.
Dans les guichets et les battants des bâtis on doit mettre une clef sur la hauteur pour les plus petites portes et deux pour les grandes; ces clefs, de largeur et d'épaisseur convenable, servent à retenir l'écart des battants et à empêcher la porte de fléchir. Poulie guichet ouvrant, c'est la même chose, avec cette différence qu'à la place des rainures on fait des feuillures de 0m,027 de profondeur, comme les rainures.
Manière de poser les grandes et les petites portes :
« La pose des portes cochères, dit Roubo, est très pénible ; le menuisier n'a d'autre soin que de les mettre en place ; la difficulté consiste dans la bonté et la solidité des scellements ; on doit cependant observer que les deux vantaux soient parfaitement d'aplomb et bien dégauchis l'un avec l'autre, surtout quand le milieu ouvre à noix, on doit aussi avoir soin de ne laisser qu'un quart de pouce de jeu sur la hauteur, parce que quelque bons que soient les scellements, la grande pesanteur des vantaux les fait toujours retomber, et par conséquent il faut leur donner tout le jeu nécessaire. Quant à la largeur, il faut faire approcher les deux vantaux l'un contre l'autre par le bas, et au contraire donner neuf lignes de jeu par le haut et même un pouce pour les portes d'une très grande hauteur, ce que l'on fait en mettant une cale entre deux de l'épaisseur du jeu que l'on veut obtenir.
« Quand on veut sceller une porte cochère il faut avoir soin de la bien caler par-dessous et par les côtés, et l'on ne doit ôter les cales que vingt-quatre heures après que la porte aura été scellée, afin que le plâtre ait eu le temps de prendre, et que les scellements fassent le moins de mouvement possible. »
Les petites portes intérieures demandent beaucoup plus d'extension et de soins que les grandes portes cochères par la répétition des mêmes fermetures dans une même pièce et dans plusieurs qui font suite, puis à cause de leur raccordement avec les lambris. Aussi, avant d'en commencer la pose, on doit d'abord prendre le milieu des portes qui se font suite et les mettre d'aplomb avec la corniche qui doit régner sur le devant de la rainure du chambranle. On pose alors le chambranle des portes après l'avoir coupé à la hauteur de ces dernières, en y observant un peu de jeu. Lorsque le plancher est parfaitement de niveau on ne risque rien de pousser les bouts des chambranles ; mais lorsqu'il ne l'est pas, on ne fait que les marquer à couper et l'on met le chambranle en place bien d'aplomb et de niveau.
On prend ensuite avec le compas ce qu'il ya à couper au chambranle à l'endroit le plus bas et on le reporte sur l'autre en faisant une traînée. (Voy. ce mot.)
Quand les portes sont à deux vantaux, on aura soin de mettre les deux battants et chambranles bien d'aplomb sur champ et de leur donner un peu de refuite sur le plat afin de faciliter l'ouverture des portes. Quand celles-ci ne sont qu'à un vantail, on donne également de la refuite au battant sur lequel la porte est serrée, aussi bien sur le plat que sur le champ, en faisant en sorte de ne pas donner trop de refuite aux chambranles. Les chambranles des portes s'attachent différemment selon que les baies de celles-ci sont de plâtre ou de bois. Il y a deux manières de les attacher sur les baies de bois.
La première consiste, quand les bois sont apparents, à les fixer avec des broches passant à travers les chambranles.
La seconde consiste à les maintenir avec des pattes à vis dont l'extrémité est percée de plusieurs trous qui servent à les arrêter avec des clous sur les poteaux qui forment la baie.
La première manière est moins coûteuse mais moins propre ; la seconde lui est préférable.
Quand les baies sont en maçonnerie, on arrête les chambranles avec des pattes à vis coudées ou scellées à l'autre extrémité dans l'épaisseur des murs pour qu'elles ne gênent pas dans le placement des ébrasements.
Pour placer les pattes à vis dans le bois, on commence par marquer les vis, puis on perce un trou à peu près égal à la plus grosse prise au fond du filet, afin qu'elle n'ait d'autre effort à faire dans le bois que celui nécessaire pour s'y tarauder, à moins que le bois ne soit très tendre ; alors on ne risque rien de faire ce tracé un peu plus petit afin que la vis tienne mieux.
On arrête les doubles chambranles avec des broches lorsque les baies sont de bois ; mais quand elles sont de plâtre, on les fixe avec des pattes à vis droites qu'on place diagonalement sur le derrière du chambranle et que l'on scelle par le côté.
Pour donner plus de solidité à l'ouvrage, on pose la vis à tête perdue sur le devant du chambranle. Quand elles prennent dans les ébrasements, ce qui est d'un très bon usage, cela dispense de mettre des broches dans les chambranles ; des pattes à pointes placées sur le derrière étant suffisantes quand les baies sont de bois. On met aussi des pattes à plâtre sur le derrière des chambranles; mais celles à vis sont préférables, non seulement parce qu'elles sont solides, mais aussi parce qu'elles ne nuisent pas autant que celles en plâtre, qui sont apparentes et par conséquent nuisibles.
Les ébrasements des portes ne sont fixés sur les murs d'aucune manière particulière, leurs assemblages se faisant avec les chambranles à rainures et languettes et quelquefois arrêtés avec des vis.
Il faut avoir soin de peindre le derrière des ébrasements pour les garantir de l'humidité ; il faut aussi, quand il y a trop de jeu, les coller par derrière pour les empêcher de ployer sur leur largeur.
Voici, d'après Mandar, les dimensions généralement adoptées pour les portes :
Voici, d'après Mandar, les dimensions généralement adoptées pour les portes :
Portes charretières . . de 2m,92 à 3m,25 de largeur.
— cochères ... de 2m,60 à 2m,92 —
— bâtardes ... de 1m,30 à 1m,62 —
— d'appartements ( de 1m,30 à 1m,46 à 1m,62 de largeur
à 2 vantaux . ( de 2m,27 à 2m,60 à 2m,92 de hauteur
— d'appartements ( de 0m,73 à 0m,81 à 0m,89 de largeur.
à 1 vantail. . ( de 1m,95 à 2m,27 à 2m,44 de hauteur.
L'épaisseur des bâtis se règle ordinairement ainsi :
Portes de moins de 3 mètres de hauteur. 0m,032 à 0m,040.
Portes de 3 à 4 mètres de hauteur. . . . 0m,040 à 0m,050.
Portes de 4 à 5 mètres de hauteur. . . . 0m,052 à 0m,058.
L'épaisseur des panneaux, qui varie de 0m,013 à 0m,034, est presque généralement de 0m,020.
Les portes cochères sont pourvues de forts bâtis, qui prennent le nom de bourdineaux, ils ont :
0m,08 à 0m,10 pour les portes de 3m,90 de hauteur.
0m,12 pour — portes de 4m,90 —
0m,16 pour — portes de 5m,90 —
Les remplissages sont en bois de 2 à 3 centimètres d'épaisseur.
Nous donnons ci-après les noms et les définitions des portes les plus usitées :
Porte à pans, celle dont la baie est surmontée d'un linteau brisé en trois parties : le milieu qui est horizontal et les deux parties latérales qui sont inclinées l'une à droite, l'autre à gauche. Le haut de l'huis est, par suite, obligé de se conformer au périmètre de la baie.
Porte atticurge, celle qui a ses jambages inclinés l'un vers l'autre, dont par conséquent l'ouverture est plus large dans le bas que dans le haut et dont, par conséquent, le seuil est plus large que le linteau. Fig. 3299.
Porte-persienne, celle dont les vantaux sont disposés à lames comme des persiennes. Ces lames ne descendent pas jusqu'au seuil. La partie basse de ces portes est toujours faite d'un panneau plein embrevé à table saillante ; elles sont souvent garnies de tôle à l'intérieur. Fig. 3300.
Porte-grille, celle dont la partie inférieure est formée de panneaux pleins et dont le haut est formé de barreaux métalliques.
Portes en enfilade, celles qui sont situées dans l'alignement les unes des autres.
Porte de dégagement, plus basse et plus étroite que les portes ordinaires ; elle permet de sortir d'une pièce sans passer par les appartements.
Porte à placard, celle qui figure une porte praticable mais qui ne l'est pas. Se dit également d'une porte d'armoire.
Porte praticable, qui s'ouvre véritablement et par laquelle on peut passer.
Porte brisée dont les vantaux, plus ou moins nombreux, se replient les uns sur les autres ou glissent les uns sur les autres.
Porte coupée, s'ouvrant en deux parties superposées : l'une dans le haut (généralement la première), l'autre dans le bas (quand la première est ouverte).
Porte croisée ; croisée qui ouvre jusqu'au sol et dont l'appui, qui règne avec les autres croisées, est fait par un panneau formant lambris ; les portes croisées servent à donner accès sur un balcon ou une terrasse. Fig. 3301.
Porte roulante, composée d'un ou deux vantaux et percée de telle façon qu'elle s'ouvre par glissement et non par développement. Des galets en fer montés dans des chapes en fer sont fixés sur le haut de la porte. Les galets roulent sur une tringle également en fer qui est vissée sur des pattes fixées au mur avec des vis ou des scellements. Fig. 3302.
Porte va et vient, porte ferrée avec une ferrure spéciale permettant de la faire ouvrir en tirant ou en poussant et qui se referme d'elle-même.
Porte dérobée, porte non apparente qui permet, sans être vu, de passer d'une pièce dans une autre, d'entrer ou de sortir d'une maison.
Porte flammande, formée de deux jambages avec un couronnement et fermée d'une grille en bois ou en fer.
Porte biaise, dont les tableaux ne sont pas d'équerre avec le mur.
Porte batarde, qui ferme l'entrée d'une maison, mais qui n'est pas assez large pour permettre le passage d'une voiture.
Porte charretière, suffisamment large pour laisser passer les voitures ; ces portes sont d'une exécution simple et elles sont presque toujours à deux vantaux. Fig. 3303.
Portes doubles, qui s'ouvrent par des rotations opposées de chaque côté d'une même baie et sont pendues de chaque côté de l'épaisseur d'un même mur, de façon qu'elles ne se gênent pas en s'ouvrant.
Porte feinte ; décoration en bois, en plâtre, etc., imitant une porte, généralement pour donner satisfaction aux lois de la symétrie.
Porte en trois panneaux sur hauteur, formée par trois panneaux superposés, encadrés de moulures.
Porte en niche, épousant la forme circulaire, concave d'une niche dans laquelle est percée sa baie.
Porte en tour ronde dont la baie est percée dans un mur circulaire et qui en épouse la courbure.
Porte en tour creuse dont la baie est percée dans la partie concave d'un mur courbe et se conforme à cette courbure.
Porte rampante dont le cintre ou le linteau est rampant comme celles que l'on voit dans un mur d'échiffre.
Porte sur le coin, dont la baie constitue un pan coupé sous une trompe ou sous un autre encorbellement, rétablissant au-dessus la forme régulière du bâtiment. Ces portes sont généralement situées dans l'encoignure faite par les deux corps de bâtiments se joignant suivant un angle.
Porte battante, celle qui est ferrée sur un pivot qui la laisse refermer d'elle-même (Voy. Pivot).
Porte cochère, qui est dans la façade principale des grands immeubles et sert au passage des voitures.
Porte à claire voie, formée de barreaux et traverses. Fig. 3304.
Porte arrasée, dont les parements sont unis et sans aucune saillie.
Porte d'assemblage, dont les bâtis encadrent des frises et panneaux à un ou deux parements.
Porte emboîtée ou collée, formée de planches debout, chevillées et collées, avec emboîtures par le bas et par le haut.
Porte vitrée, dont les panneaux supérieurs sont garnis de petits bois pour recevoir des vitres. Fig. 3303.
Porte à deux parements, dont les deux faces ne sont pas moulurées de même façon.
Porte ébrasée, dont les tableaux sont à pans coupés en dehors.
Porte dans l'angle, à pans coupés dans l'angle rentrant d'un construction.
Porte traversée, sans emboiture et formée de planches de bout croisées carrément sur d'autres planches auxquelles elles sont retenues par des clous disposés en losange.
Porte surbaissée dont le linteau est en anse de panier.
Les portes de meubles, tels que armoires, buffets, etc., se construisent comme les autres portes et prennent, quant à leur façade, les mêmes dénominations.
Prix : Men., au mètre superficiel ; bois neuf.
Portes et cloisons vitrées ; les parties vitrées sont mesurées jusqu'au milieu de la traverse d'appui et comptées comme châssis. (Voy. châssis.)
Les parties à panneaux sont payées comme lambris de l'espèce à laquelle ils appartiennent (Voy. lambris), en mesurant, comme pour les châssis jusqu'au milieu de la traverse d'appui.
Prix : men. (S.) le mètre superficiel.
Porte ordinaire d'assemblage pour appartements, battants et cadres compris, feuillures et toutes ies plus-values, à 1 vantail et à 2 vantaux. (Voy. lambris).
Porte d'armoire tout sapin, les battants jusqu'à 0m,10 2 panneaux dans la hauteur, ayant au moins 0m,63 X 2 mètres et exécutée en nombre supérieur à six.
Porte à petit cadre, battants jusqu'à 0m,10, ayant jusqu'à 3 panneaux dans la hauteur, plates-bandes simples, ayant au moins 0m,63 X 2 mètres, et exécutée en nombre supérieur à six.
Les portes à grand cadre et celles qui n'entreraient pas dans les désignations ci-dessus sont payées au prix des lambris d'assemblage auxquels elles se rapportent.
Prix : men. ; vieux bois, au mètre superficiel.
Porte pleine ou volet emboîté haut et bas, ou barré et emboîté, rajusté, équarri, reposé.
(S) A toutes parties pleines au-dessous de 0m,45 de surface, il sera ajouté à la superficie 0m,01 par chaque 0m,03 en moins, les parties au-dessous de 0m,09 sont comptées pour 0m,09.
(P) Porte pleine ou volet emboîté haut et bas, ou barré et emboîté, le mètre superficiel.
Les parties équarries ne sont accordées, que lorsqu'il a été constaté sur attachement, qu'elles ont été coupées à la scie, et dressées sur les quatres faces.
Prix : (Voy. cloison, dépose, lambris).
Il reste à donner un certain nombre de portes de tous les genres, aussi bien comme portes intérieures que comme portes extérieures.
Fig. 3306. Porte de ferme, les barreaux sont en métal.
Fig. 3307. Porte de basse-cour, d'après les dessins de M. Lejeune, menuisier à Brie.
Fig. 3308. Porte de remise, d'après les dessins de M. S. Battue, menuisier à La Joue.
Fig. 3309. Porte de remise.
Fig. 3310. Porte charretière.
Fig. 3311. Porte de communs, exécutée par M. La-vaud, menuisier à Marly, d'après les dessins de M. Geisse, architecte à Paris.
Fig. 3312. Porte d'écurie à deux vantaux, exécutée par M. Berthet, menuisier à Paris, d'après le dessin de M. Adam, architecte à Villeneuve.
Fig. 3313. Porte d'écurie à un vantail, d'après les dessins de M. H. Parent, architecte à Paris ; les coupes principales en sont données à la figure 3314.
Fig. 3315. Porte d'écurie à deux vantaux, exécutée d'après les dessins de M. H. Parent, architecte à Paris.
Fig. 3316. Porte en lambris à grands cadres, dont les coupes principales, figure 3317.
Fig. 3318. Porte en lambris à petits cadres, dont les coupes essentielles, figure 3319.
Fig. 3320. Porte vitrée et cintrée à l'hôpital de Ménilmontant à Paris, d'après les dessins de M. Billon, architecte à Paris.
Fig. 3321. Porte de vestibule, d'après M. L. Magne, architecte à Paris.
Fig. 3322. Porte de salle a manger.
Fig. 3323. Porte de vestibule, à l'hôtel des Ingénieurs civils, M. Demimuid, architecte à Paris.
Fig. 3324. Porte de vestibule, au Conseil d'État, exécutée par M. Pagé, menuisier, d'après les dessins de M. Chabrol, architecte.
Fig. 3325. Porte de vestibule.
Fig. 3326. Porte de salle à manger, style ogival. Le lambris qui l'accompagne y est figuré.
Fig. 3327. Porte de salle à manger, style Louis XIII.
Fig. 3328. Porte de vestibule, style Renaissance.
Fig. 3329. Porte de salon, époque Louis XIV, à l'Hôtel de ville de Lyon.
Fig. 3330. Porte de chapelle, époque de la Renaissance, à l'église Saint-Étienne-du-Mont, à Paris ; les principaux détails sont reproduits aux figures 3331-3332.
Fig. 3333. Porte cochère à un vantail, exécutée d'après les dessins de M J. Fugairon, architecte à Paris ; les coupes sont indiquées sur la fig. 3334.
Fig. 3335. Porte cochère à deux vantaux, coupes figure 3336.
Fig. 3337. Porte d'hôtel, d'après M. Paul Sédille, architecte à Pons.
Fig. 3338. Porte cochère avec imposte cintrée, exécutée pour la Société immobilière marseillaise, par M. Flory, menuisier à Marseille, d'après les dessins de M. Adam, architecte à Marseille. Les coupes sont représentées par la figure 3339.
Fig. 3340. Porte cochère exécutée par M. Ronsin, menuisier. Les coupes à la figure 3341.
Fig. 3342. Porte cochère, style Renaissance, exécutée par M. Ronsin, menuisier à Paris, d'après les dessins de M. Cahn Bousson, architecte à Paris. Les détails et coupes sont reproduits figure 3343.
Bien que les portes cochères qui ont résisté soit aux injures du temps, soit aux modifications apportées dans les immeubles depuis qu'elles y avaient été posées deviennent de plus en plus rares, il convient d'en donner quelques exemples des diverses époques.
Fig. 3344. Porte cochère, à clous, à un vantail. On comprend que la variété la plus grande était apportée dans la disposition des compartiments qui ornaient les panneaux; la disposition montrée par la figure 3344 n'est pas une des moins originales. Ces genres de portes furent surtout employées sous la Renaissance et sous Louis XIII.
Fig. 3345. Porte cochère, époque Louis XIII.
Fig. 3346. Porte cochère, époque de la Renaissance, à Lyon.
Fig. 3347. Porte cochère, époque Louis XV ; les détails sont sur la figure 3348.
Fig. 3349. Porte cochère, époque Louis XVI. Cette porte se compose d'un gros bâti de rive, d'un panneau renforce dans la partie supérieure, d'un grand panneau assemblé dans un cadre brodé d'oves et d'un parquet très simple. La porte est à double battement affleuré par derrière.
Prix : Les devis ci-après. basés sur des pris moyens, peuvent, à 10 p. 100 prés en plus ou en moins selon les localités, être appliqués aux portes des différentes natures.
Mise à jour 2019-01-04